Un tiers des versets de la péricope de ce jour manifestent le souci de Jésus pour la foule qui le suit depuis trois jours et… qui n’a rien à manger. Il s’agit bien d’une préoccupation pour le corps, puisque la nourriture spirituelle, essentielle, il la dispense en abondance. Son bien-être physique lui tient au corps, aux entrailles !
Les commentateurs rappellent, à juste titre, le lien de cet épisode avec le peuple en exode, cheminant dans le désert et recevant la manne comme « pain descendu du ciel ».
Aujourd’hui, soyons plutôt attentifs à l’inquiétude de Jésus. Il la partage avec ses disciples les mettant devant un impensable : ici, au désert, comment trouver de quoi rassasier une si grande foule ? Ils prennent la mesure du manque et se trouvent confrontés à un impossible ; ils ont la tête en ébullition, le cœur et les mains vides. Jésus seul peut garder la responsabilité de la situation. Il interroge pour savoir de quoi on dispose. C’est tellement peu ! Voilà les disciples confrontés de près à leur carence. Un espace d’attente se dessine. Avec ce ‘si peu’ reconnu, Jésus va « offrir » de quoi rassasier la foule affamée. Il offrira même davantage, en surabondance,‘recueillant, rendant grâce, rompant et donnant, mais pas directement aux affamés. Il demeure en retrait de son don, ouvrant un espace de liberté pour que la reconnaissance advienne gracieusement. Ce sont ses lieutenants qui offrent le pain à la foule… Ainsi aussi avec le peu de petits poissons !
Quand l’Esprit nous fait voir le manque criant de ceux qui nous entourent, que nous touchons l’impossible rassasiement, que devons-nous ou pouvons-nous faire ? Reconnaître cet impossible, le remettre, avec nos si petits moyens, entre les mains de Dieu, les recueillir avec lui, rendre grâce pour ces dons, les briser et les donner.
Discerner la faim, offrir le rassasiement et puis ne pas s’attarder, aller plus loin, ailleurs, poursuivre le chemin, vivre à hauteur d’homme, dans une infinie liberté…
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