DE FAIM EN FAIM…
Une foule nombreuse. Trois jours sans manger. Un désert. Des disciples de Jésus désemparés et ne sachant que faire tant ils sont dépassés par la tâche à accomplir. Ce récit de Marc commence comme une mission impossible !
Pourtant, au milieu de cette désolation et de cette logique de mort, se tient Jésus rempli de compassion. Il a conscience du jeûne physique éprouvé par les foules, lui qui les nourrit de sa parole depuis trois jours. Le troisième jour, ne serait-il pas temps de les ressusciter et de les nourrir de pain, comme Jésus demande de le faire après certaine guérison, pour montrer que la vie a repris le dessus ?
« Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » (v.4), cette question légitime posée par les disciples est la question lancinante et récurrente de toute épreuve du désert. Aujourd’hui, les disciples relaient ce que les Hébreux, pendant leur exode, adressaient à Dieu. « Dieu peut-il apprêter une table au désert ? » (Ps 77,19).
Jésus peut-il les nourrir au désert ? S’il est Dieu, oui ! Si Jésus peut le faire, c’est qu’il révèle qu’il a partie aussi avec le divin : « COMMENCEMENT DE L’ÉVANGILE de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1,1). Mais alors que Dieu faisait tomber la manne du Ciel, Jésus multiplie le pain de la terre, il a besoin de ses proches collaborateurs. C’est une collecte de sept pains (ancêtre du repas « tiré du sac ») qui, du peu, fera surgir l’abondance, signe de la prodigalité et de la générosité de Dieu.
Marc en bon économe fait les comptes : sept pains, quatre mille hommes, sept corbeilles. La colonne crédit écrase les débits et débiteurs comme un signe à garder, à méditer, à comprendre pour un peu plus tard ! Parce que Jésus ne résout pas le problème de la faim sur le long terme, il nourrit pour l’aujourd’hui et laisse des signes de sa présence et de son agir pour revivre les mêmes traversées et le même miracle de rassasiement qui est sa Vie plus forte que la mort. « Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha » (v.10). Immédiatement, tout est à recommencer, Dalmoutha, c’est-à-dire « vide », « famine » !
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