L’évangéliste Marc propose le récit d’une seconde multiplication des pains. Serait-ce une répétition de la première ? (Marc 6, 35-44)
Si c’est la compassion de Jésus qui de part et d’autre initie l’action, la raison en est formulée différemment dans les deux cas, et l’événement n’est pas semblablement rapporté. Les destinataires sont sans doute différents.
La Syro-Phénicienne (7, 27-28) avait suggéré que le rassasiement des enfants de la maison, Israël, ne devait pas empêcher les petits chiens, les païens, de profiter des miettes. Les chiffres utilisés dans les péricopes confirment la distinction des destinataires. Les nombres n’ont de sens que sur le plan symbolique. Ici, c’est de l’humanité entière dont il est question quand il s’agit de 4000 hommes et de sept paniers. La bénédiction (contexte juif) s’est changée en action de grâce (tradition de type hellénistique).
Quel que soit le lieu où nous nous situions, laissons Jésus nous partager son inquiétude pour les affamés rencontrés, ceux d’ici, tout proches, ou d’ailleurs. Avec lui, n’ayons pas peur de prendre la mesure du manque et d’être confrontés à un ou des impossibles. Nos cœurs sont inquiets, nos mains vides, mais c’est Jésus qui garde la responsabilité de toute situation. Nos carences dégagent un espace d’attente. Ce « trop peu » reconnu va lui offrir de quoi rassasier la foule affamée. Il donnera davantage même, en surabondance. Mais il demeure en retrait de son don, ouvrant l’espace de liberté pour que la reconnaissance advienne gracieusement.
Avec Jésus, où que nous soyons, discernons la faim, offrons le rassasiement et ne nous attardons pas, allons plus loin, poursuivons le chemin, toujours à hauteur d’homme, avec une infinie liberté.
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