Seul l’évangéliste Marc nous rapporte cet épisode de la vie de Jésus. Au cours de ses pérégrinations, beaucoup de malades viennent à Lui et Le supplient de les guérir, et Il opère des signes et des « miracles » devant tous ceux qui L’entourent et L’écoutent.
Comme pour la personne sourde précédemment, l’homme aveugle est écarté du village et du groupe qui l’avait amené ; Jésus le prend par la main et le conduit à l’écart. Tout se passe de visage à visage, de vulnérabilité, blessure, à corps, doigt, de Celui sur qui repose l’attente de beaucoup. Avec sa salive, onguent et sève de sa propre vie, Jésus touche l’organe malade, en un geste de re création et de guérison.
Le rétablissement se fait progressivement. Ce que l’homme perçoit est d’abord comme flouté. Jésus ne le confronte pas d’emblée à une toute nouvelle perception de la réalité. Elle doit être apprivoisée et l’homme en train de guérir peut s’adapter et s’habituer à un monde qui devient tout autre.
N’en est-il pas de même pour l’aveuglement spirituel ? Le temps nous est souvent offert pour assimiler ce qui se passe quand nos regards se convertissent et que se transforme notre appréhension des choses, des hommes, de nous-même et de Dieu, même si l’urgence de l’Evangile nous presse à ne pas différer la mise en œuvre de ce que nous avons vu et compris. Voir clair d’abord, puis plus précisément et plus distinctement.
Le premier visage reconnu dans ce face à face sera sans doute celui de Jésus lui-même.
Et pourquoi cette recommandation faite à l’aveugle guéri de ne pas passer par le village ? Peut-être s’agit-il d’éviter la publicité peut propice à la véritable compréhension de la guérison. A chacun de discerner quand et comment parler de ce qui s’est passé, en ne faisant jamais l’économie d’un temps d’écoute plus profonde et plus dépouillée de la Parole. Car voir, c’est aussi opérer le discernement qu’il faut pour comprendre et adhérer, dans la confiance.
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