LA VOIE DE DIEU
« Mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l’Éternel » (Is 55,8).
Jésus marche avec ses disciples, il les interroge, les interpelle sur son identité. Comment le perçoivent-ils ? Lui… le Rêve de Dieu, la Parole de Dieu, le Visage de Dieu.
Les réponses fusent : pour la plupart de ses contemporains, il est un être d’exception du côté des prophètes.
Et sous l’action d’une force et d’une intelligence spirituelle, la bonne réponse éclate : « Tu es le Christ! » (v. 29). Par Pierre, Jésus est reconnu comme le Messie, le Choisi, l’Oint de Dieu.
Mais ce n’est pas suffisant, et la fin du récit dévoile une faille, une incompréhension sur le mystère de cette figure exceptionnelle du Messie.
Dans les Écritures, Isaïe explore celle du Messie souffrant, aimé de Dieu et incompris des hommes (Is 52-53). Dans le livre des Actes des Apôtres, c’est Philippe qui explique à l’eunuque qui est cette brebis muette conduite à l’abattoir (Ac 8 32-34).
Jésus ne peut pas être « vrai homme et vrai Dieu » sans les deux composantes de descente et d’élévation, sans les deux réalité de chair et d’âme.
Nous sommes tous à peu près d’accord sur la condescendance divine qui nous appelle, nous choisit, nous aime, nous élève, et fait de nous des « oints » ; mais nous sommes beaucoup plus circonspects (voire hostiles) à l’humiliation de Dieu dans sa chair et notre chair, à la réalité humaine de la souffrance et du sacrifice. C’est le « Satan » qui inspire les remontrances de Pierre à Jésus, lui qui est hors corps, hors Incarnation et hors du Salut des hommes, puisque sous le signe de la condamnation et de la division.
Et Jésus de corriger ouvertement Pierre, en invitant tout disciple à « passer derrière lui », c’est-à-dire par son offrande totale. Passer par la Croix, c’est passer par le même chemin d’une humanité qui ne se défile pas, ne s’évapore pas, mais consent et assume la vulnérabilité de la chair et sa finitude comme don absolu et gage d’amour universel.
Le Christ est le Chemin qui nous sauve et qui nous appelle à une conversion radicale : le regarder lui seul, comme celui qui donne sa vie pour ses amis, comme l’unique vainqueur par qui toute chair peut voir le Salut de Dieu.
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