Dans leur marche avec Jésus, sur les routes de Palestine, les disciples ont été éduqués, formés par leur Maître. Bien souvent, leur propre questionnement, étonnement, voire affirmation, ont été au départ de l’enseignement reçu.
En fin pédagogue, Jésus n’a de cesse d‘inverser leurs logiques trop humaines, toujours avec douceur, à quelques rares exceptions (« Passe derrière moi, Satan ! » Mc 8, 33).
« Ouvrir le Livre » nous donne de mettre nos pas dans ceux des disciples à l’écoute de leur Maître, mais avec quelques deux mille ans de vie ecclésiale dans notre sac à dos.
Leçon du jour ? : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas. » (Marc 8, 38). Quelle est la préoccupation de Jean, l’auteur de cette affirmation, lui qui fut, avec d’autres, institué compagnon de Jésus pour être envoyé et prêcher « avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3, 14-17) ?
Quel est le sens de ce verbe à l’imparfait (« Nous voulions l’empêcher ») ? Informe-t-il Jésus de l’échec de l’empêchement ? Ou alors, ce « fils du tonnerre » (Mc 3, 17) vient-il vérifier auprès de Jésus un choix qui a tenté le petit groupe des Douze : empêcher quelqu’un d’expulser les démons au nom de Jésus « car il ne nous suit pas » ? Quoi qu’il en soit, Jean semble au clair sur un critère quant à l’usage d’un pouvoir (tiens donc!) pourtant reçu, critère d’exclusion, hélas : « nous suivre ou ne pas nous suivre ».
Mais quel est ce « nous » ? « Nous les Douze » ou « Nous les Douze et Jésus » ? Dans sa réponse, Jésus s’inclue dans le nous (« Qui n’est pas contre nous est pour nous » v 40) et débusque ce danger d’exclusion : n’empêchez pas qui fait un miracle en mon nom, car il s’avère un des nôtres par ce geste même. Le curseur n’est pas à mettre à l’endroit de « qui nous suit ou non », mais de qui agit « au nom de Jésus », au point de ne pouvoir « sitôt parler mal de lui » (v 39). Et ce peut être « celui du dedans » de la communauté, comme « celui du dehors » à vue humaine.
Nous croyons-nous plus en sécurité en établissant te telles frontières ? Jésus les fait éclater : « Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère » (Mc 3, 35). Avant lui, déjà, Moïse interpellait Josué : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Puisse tout le peuple du Seigneur être prophète, le Seigneur leur donnant son Esprit ! »(Nombres 11, 29).
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