SEL ET PAIX
Ce discours de Jésus à ses disciples nous parle de personnes : un assoiffé chrétien et un distributeur de verre d’eau, un petit et un grand qui le fait tomber, des pécheurs transformés en manchots, boiteux et borgnes.
À tous ceux-là, et c’est la bonne nouvelle que Jésus annonce, il est promis un nouveau lieu d’incorruptibilité : là où le ver meurt et où le feu destructeur est éteint (cf. v.48) ; et de purification : « là où chacun sera salé au feu » (v.49).
Pourtant, dans une première lecture un peu superficielle, qu’est-ce que ces paroles viennent chagriner en nous, qu’est-ce que ces images fortes d’imperfections et de vulnérabilité viennent casser en notre inconscient ? Sans doute, un modèle d’intégrité et une image idéalisée de notre réussite à entrer irréprochables et impeccables au Paradis. Eh bien, non! nous apprend Jésus. Car ceux qui entreront dans la plénitude et la miséricorde divine, seront d’abord : l’assoiffé en dépendance… comme Jésus assis au bord du puit sait recevoir d’un autre ou d’une autre un verre d’eau, le petit qui a trébuché… comme Jésus est tombé deux fois sous le scandale de la croix qu’il porte jusqu’au Golgotha, ainsi que tous les perdants ou les abîmés (sans main, ni pied, ni œil)… comme Jésus ressuscité montre ses plaies et son côté ouvert.
Jésus n’a qu’une seule exigence pour ses disciples : « ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous », c’est-à-dire qu’il n’a pas souci des apparences, de ce qui se voit, de ce qui est extérieur à l’homme. Mais Jésus appelle à ce sel en chacun et à cette paix dans la communauté.
Sel et paix sont les deux ingrédients à chercher et à cultiver en nous et entre nous pour entendre cette Parole qui s’accomplit dans l’aujourd’hui de notre vie en Christ et de son Église : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,5).
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