L’annonce d’une naissance est bien souvent une merveilleuse nouvelle. Mais faire l’arbre généalogique du futur bébé n’est pas banal, d’autant que le narrateur remonte à la 42ème génération ! Trois fois quatorze.
Quatorze est le chiffre de David : chaque lettre de son nom a une valeur numérique, et la somme de ces lettres égale quatorze. Il est ce roi selon le cœur de Dieu, ancêtre du Messie.
Trois fois quatorze ne peut conduire qu’à Celui que tous attendent. Inutile de chercher l’exactitude du travail généalogique. L’enjeu est ailleurs. L’auteur se permet d’oublier certains, parle d’inconnus et de personnages peu recommandables.
Le Seigneur ne pouvait pas surgir d’une race d’hommes illustres (et sans péchés) puisqu’Il venait pour sauver tous les hommes. Et Matthieu inclut des femmes ! Toutes ont en commun le don d’elles-mêmes pour un salut, un avènement. Tamar, prise pour une prostituée par Juda, son beau-père, lui révèle sa duplicité ; Rahab, vraie prostituée sauve les espions envoyés par Josué ; Ruth, une étrangère, poussée par sa belle-mère à s’unir à Booz endormi, et Bethsabée, la femme que David vole à Urie, la mère du roi Salomon. A bon entendeur…
La dernière série ne compte que 13 générations. Pour faire le compte, Joseph et Marie, feront donc deux générations !
Au début de la péricope, Matthieu parle de Jésus, Christ, fils de David, fils d’Abraham. A la fin, de Marie, de laquelle fut engendré Jésus qu’on appelle Christ. Marie est la cinquième femme qui amène Dieu dans notre histoire. Et si jusqu’à elle on parlait d’engendrements de manière active, quand vient Jésus, Matthieu passe au mode passif : « de laquelle fut engendré », car c’est de Dieu qu’il vient et c’est Dieu qui vient. Vrai fils des humains et vrai fils de Dieu ! Rien de moins que cela. Notre admiration devrait nous exploser le cœur !
Et Il vient dans notre hiver, là où tout est en dormance. Il est cette vie en fait déjà là, enfouie, que la terre gardait en dormance. Les temps se renouvellent ; le rêve de Dieu n’est pas mort ! Voici venu le moment où Dieu assume notre humanité et son histoire faite d’ombres et de folle espérance, temps d’Assomption de toute la création. Oui, dans le Christ, Dieu assume ce que nous sommes, esprit et corps mortel, il nous accompagne en chemin de réconciliation avec nous-mêmes, avec les autres et avec Lui. Et Marie est le seuil de cette réconciliation.
L’incarnation, c’est du sérieux. Mais c’est pour la joie de Dieu et la nôtre. Puissions-nous faire mémoire de nos ancêtres dans la paix de cœurs réconciliés.
Un commentaire