Mission ciblée
À l’heure de l’universalisme de la mission, il peut nous paraître difficile d’entendre les instructions de Jésus à ses douze disciples tout fraîchement appelés. Si la mission semble ciblée, elle n’est pas pour autant restreinte.
Notons en premier lieu que Jésus n’a pas appelé hors de son peuple, mais à l’intérieur de sa communauté ceux qui lui plaisaient, ceux qui croient déjà au Dieu unique, ceux familiarisés avec la la Parole de Dieu, la prière et la communauté … sinon, qu’auraient-ils pu proclamer et annoncer de l’alliance, du salut, de la création ?
La conversion vient tout d’abord d’un petit noyau de l’intérieur.
Jésus nuance aussitôt ses deux premiers interdits : « Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (v.06). L’adverbe « plutôt » indique une préférence et un degré mais pas forcément une exclusion.
Le noyau va pouvoir attirer d’autres électrons et élargir son champ missionnaire. Jésus ne confine pas ses premiers apôtres à l’intérieur de la maison.
Et enfin, ne pas aller vers les païens et ne pas entrer chez les Samaritains, ce n’est pas forcément ne pas les voir et ne pas les rencontrer, car eux-mêmes peuvent quitter leurs villages et se trouver justement sur les routes et aux carrefours de la bonne nouvelle où les disciples sont envoyés :
« Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche » (v.07).
La mission est ciblée, concentrée en son noyau dur, non pour qu’elle implose, mais pour qu’elle rayonne.
Un commentaire
JÉSUS … LEUR DONNA LE POUVOIR D’EXPULSER LES ESPRITS IMPURS ET DE GUÉRIR TOUTE MALADIE ET TOUTE INFIRMITÉ … « NE PRENEZ PAS LE CHEMIN QUI MÈNE VERS LES NATIONS PAÏENNES … ALLEZ PLUTÔT VERS LES BREBIS PERDUES (Mt 10, 1-7). Le véritable pouvoir implique de grandes responsabilités ; responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes d’abord, mais aussi envers les autres. Responsabilité vis-à-vis de nous-mêmes parce que nous sommes dotés de fortes énergies et revêtus des charges ou des pouvoirs qui peuvent, soit nous corrompre, ou alors nous rendre plus attentifs à la vocation qu’implique le pouvoir reçu. Mais, aussi, le pouvoir implique constamment une dépossession de soi, afin de mieux agir et de mieux exercer. Se déposséder de soi est le chemin idéal pour agir plus efficacement envers les autres. Et cette action passe inévitablement par le service du prochain, la quête des âmes en peine des brebis perdues et se trouvant hors de l’enclos. Les disciples reçoivent de JÉSUS le pouvoir d’expulser les démons, d’aller en quête des brebis perdues, mais aussi et surtout de ne pas se laisser corrompre soi-même par le Mal, qui exerce son action et son emprise, parfois sur nos proches et nous poussant à réagir avec violence. La responsabilité envers soi est aussi une responsabilité qui nous ouvre nous aussi au Salut, dans la mesure où personne ne peut sauver les autres sans se sauver soi-même également. Le pouvoir reçu, parce qu’il est appel à une vocation, nous met toujours en chemin. Se mettre en chemin c’est souvent sortir des schémas trop classiques du conformisme, pour vivre la mission et l’appel au présent, surtout là où le besoin est multiforme et pressant. La mission des disciples est caractérisée principalement par le soin aux malades, la purification des âmes et l’annonce de l’Évangile. Car, ce que l’Homme a reçu gratuitement, il doit aussi le partager gratuitement avec les autres. C’est ainsi que le pouvoir reçu se manifeste et se transmet, à travers des petits gestes de charité, d’attention et d’ouverture vers un monde autre et nouveau. La Bonne Nouvelle transforme les structures, les cultures et les mentalités, afin de rendre l’Homme plus accueillant, ouvert aux nouveaux défis de la globalisation. C’est pourquoi la Bonne Nouvelle portée par JÉSUS CHRIST traverse le temps, pour nous situer au-delà du temps, et savoir anticiper sur le temps futur. C’est l’Évangile de l’Amour, qui nous rappelle combien nous sommes débiteurs les uns envers les autres, de cet amour gratuit reçu de DIEU et appelé à se diffuser jusqu’aux limites de la terre. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua