« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde !… »
« Corazine, Bethsaïde, Capharnaüm : trois villes de la terre de Jésus, trois villes qui ont reçu la visite du Sauveur et ont ignoré sa parole. Jésus ne les condamne pas, mais il pleure sur elles. Il pleure sur leur aveuglement. Même les villes les plus pécheresses, jadis, ont su voir dans les miracles un appel de Dieu à changer de vie. Comment Capharnaüm, le premier lieu où Jésus a prêché et fait des miracles, a-t-elle pu l’ignorer ?
Cette rencontre a été manquée par manque d’ouverture. Pas par manque d’amitié ou d’amour pour Jésus ; on se souvient de sa famille accompagnée de ses amis et relations, venir le protéger de lui-même et tenter de le faire rentrer discrètement à la maison, avant qu’il n’ait totalement perdu la tête. L’égarement ne vient pas d’un manque d’intérêt mais d’une relation mal située. Capharnaüm a donné un toit au Messie mais ne s’est pas située en créature face au Créateur, en pécheur face au Sauveur, en disciple face au Maître.
Ce mystère d’aveuglement est le mystère de notre propre relation à Dieu. La ville, nous le savons, est la personnification du peuple qui l’habite. Elle représente l’âme sous un mode d’intimité et de profondeur. Les villes sur qui Jésus pleure ce sont donc ses amis, ses familiers, nous. Tous ceux qui l’aiment mais qui ne lui donnent pas la possibilité de leur apprendre à l’aimer vraiment. » Homélie attribuée à Saint Jérôme.
Aujourd’hui, entrons dans l’intimité de cette union, accueillons-le en notre vie, à l’intérieur de nos remparts comme l’Envoyé !
Un commentaire
JÉSUS SE MIT À FAIRE DES REPROCHES AUX VILLES OÙ AVAIENT EU LIEU LA PLUPART DE SES MIRACLES, PARCE QU’ELLES NE S’ÉTAIENT PAS CONVERTIES (Mt 11, 20-24). Le miracle est tout acte de bien et d’amour que DIEU pose en notre faveur. Ce n’est donc pas un acte de spectacle, encore moins un geste accompli par DIEU pour s’enorgueillir. Le miracle divin est suscité par la foi de l’Homme et par la bonté du cœur aimant de DIEU, et qui se manifeste envers le pécheur, afin qu’il se convertisse. Se convertir c’est quitter les ténèbres pour la lumière, accueillir la grâce divine comme une opportunité offerte, pour nous élever et nous sortir de la misère et du péché. Se convertir c’est se mettre sur la voie de la perfection et de la sanctification, où notre regard change progressivement sur notre façon de voir les choses. Se convertir est aussi un acte de reconnaissance, face aux bienfaits reçus, où le disciple apprend à reconnaître le Maître, où l’Homme se met résolument à l’école du discernement, pour savoir apprécier ce qui lui donne la vraie paix et CELUI qui lui ouvre les voies d’un meilleur épanouissement. Se convertir, c’est donc aussi savoir profiter des possibilités et des opportunités que DIEU nous offre, pour aimer en vérité et être plus productifs. Car, croire, c’est entrer dans une dynamique de progrès et de développement intégral. Mais, celui qui accueille la grâce divine sans se convertir et sans se laisser transformer de l’intérieur par ses effets, reste purement et simplement au niveau du signe extérieur, du matériel et des apparences, où l’Homme convoite la grâce divine, mais sans l’auteur de cette grâce : DIEU. Tout compte fait, l’acte divin qui porte sur l’Homme, doit susciter une réaction et une réponse. Et lorsque nous adhérons positivement à l’appel de DIEU, la foi nous fait changer de comportement, de vie et d’attitude. Car, chaque bien reçu devient une occasion de rendre grâce et de nous ouvrir à plus de générosité. Chaque bien reçu est donc un appel à ne rien garder pour nous, mais à devenir humain, c’est-à-dire plus généreux et attentif aux besoins des autres. Le bonheur et le Salut de l’Homme ne se jouent qu’à ce prix. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua