Passage unique dans les récits des quatre évangélistes, Matthieu nous livre ici comme un joyau inestimable, le cœur de l’Heureuse Annonce : « A ceux qui le craignent, le Seigneur fait connaître son alliance » (Ps 24,14) Promesse faite à Abraham, dévoilée par les prophètes : « Je donnerai l’abondance à l’âme épuisée … C’est pourquoi dès mon réveil, j’étais dans l’abondance. » (Jr 31,25-26)
Jésus, le Fils du Très-Haut, que nul ne connaît si ce n’est le Père, émerveillé devant ses œuvres, ouvre son cœur : « Venez à moi vous tous qui peinez, je vous donnerai le repos… Prenez sur vous mon joug… ». Attelés avec moi au même sillon, connaissez, apprenez, ma douceur, mon humilité. « Dresse des jalons, remarque bien la voie où tu as marché… Reviens Vierge d’Israël, reviens en ces villes qui sont tiennes… » (Jr 31,21) suppliait déjà le prophète. St Bernard s’en fait l’écho dans ses homélies: « Toute âme, même chargée de péchés… toute âme peut repérer au-dedans d’elle, non seulement de quoi respirer dans l’espoir du pardon et de la miséricorde, mais encore de quoi oser aspirer aux noces du Verbe, et ne pas craindre de sceller avec Dieu une alliance de communion, ne pas hésiter à porter le joug de l’amour de concert avec le Roi des anges. » (Sermon sur Ct : 83,1)
Pressante invitation qui nous est faite de prendre sur nous, sans crainte, le joug de la liberté d’un amour sans limites, d’en repérer concrètement au fil du jour les innombrables occasions. Matthieu ne garde-t-il pas en lui la vive mémoire de ce repas où le Rabbi déclara : « Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » ? (cf Mt 9,13)
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