À deux reprises, Jésus vient de qualifier la foule qui le suit de « génération tourmentée » ; il a été en prise directe avec les questions de celle-ci, ses doutes, ses blessures. Il a agi, parlé, mais la foule reste désorientée et ne sait pas ou ne sait plus à qui se fier.
Peut-on imaginer que ceux qui sont restés à l’écart de ces échanges et qui voudraient cependant lui parler — cela est mentionné deux fois dans ce court extrait —, sa mère et ses frères, seraient moins perplexes en ce qui le concerne et pourraient peut-être l’encourager en ses démarches et sa marche vers Jérusalem ? À moins qu’eux-mêmes ne cherchent à être confortés, reconnus dans leur attachement à sa personne. La seule chose qui nous est dite, c’est leur désir, explicité par quelqu’un d’anonyme.
Et c’est en s’adressant à cet inconnu que Jésus répond. Il ne disqualifie pas sa famille, mais élargit le cercle de ses proches par la voix du sang, ou du moins, il nous laisse la possibilité de le faire en commençant par répondre à son interrogation : qui est ma mère, qui sont mes frères ?
Puis, d’un geste, la main tendue vers un groupe d’auditeurs et de suiveurs, il indique clairement qui est sa mère et qui sont ses frères, et ajoute : « ceux dont les désirs rejoignent profondément le désir de mon Père, voilà qui sont ceux qui cherchaient à me parler ».
Étions-nous confrontés à deux proximités : celle de la famille de sang qui protège, nourrit, participe à l’identité profonde d’un être, et celle de la foule qui peut être un obstacle, mais qui est aussi en devenir spirituel puisqu’elle recèle et offre des disciples ?
Nous voici devant une seule et même famille : celle dont le patrimoine et l’héritage commun sont la parole et le désir de Dieu.
À chacun de ratifier librement son appartenance.
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