Matthieu 13, 16-17
La liturgie s’aventure rarement en terres apocryphes, si ce n’est le 26 juillet ou le 21 novembre. Elle fait alors du hors-Bible, comme certains font du hors-piste. Cependant, même si ce ne sont pas les Écritures canoniques qui nous disent qu’elle s’appelle Anne, qu’il s’appelle Joachim et qu’ils furent de saintes personnes, ce sont bien les Écritures que nous méditons pour habiter chrétiennement la mémoire des aïeux de Jésus. C’est bien parce que nous croyons en l’Incarnation du Verbe que nous pouvons dire que Jésus a eu, du côté maternel, des grands-parents. La liturgie de la Parole nous oriente dans deux directions : celle de la transmission et celle de l’espérance, en un mot la fidélité.
Le sage Sirac fait l’éloge des pères, de ces « personnages glorieux qui sont nos ancêtres ». Anne et Joachim furent ceux qui ont transmis : la vie à leur fille Marie, la Parole et la promesse, les exigences de la Loi, la beauté des mots de David, ou, pour parler comme Paul, « l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses ». Dans l’histoire de l’art, on voit souvent des représentations d’Anne apprenant la lecture à Marie. De ce fait, la mémoire de ce jour est un peu comme une fête chrétienne des grands-mères et des grands-parents. Dans nos Instituts, c’est l’occasion de rendre grâce pour tous ceux – ceux que nous avons connus (nos aînés) et les autres – grâce à qui – et souvent bien plus que ce que nous pensons – nous sommes ce que nous sommes, notre héritage charismatique mais aussi notre style, nos valeurs, nos manières de vivre.
L’évangile fait d’Anne et Joachim des hérauts de l’espérance : ils sont ces justes de l’Ancienne Alliance qui ont espéré sans voir. Nous aussi portons en notre cœur des espérances et des promesses dont nous ne verrons peut-être jamais l’accomplissement. Anne et Joachim nous encouragent dans l’espérance. Mais la situation n’est pas strictement parallèle : ente eux et nous, il y a le Christ qui porte et réalise en lui tous les accomplissements. Notre espérance « mémoire du futur » aura toujours un œil en arrière, vers le temps historique de l’Incarnation qui, on le sait, se réalise dans l’histoire et nous porte donc vers l’avenir. Occasion de rendre grâce pour la grâce de croire dans la Nouvelle Alliance, la grâce de croire et de nommer le Christ : heureux nos yeux, heureuses nos oreilles, heureuse notre foi !
A nous donc aussi la charge de la transmission et de l’espérance, de la fidélité même nocturne. Ne l’oublions pas, Dieu seul est fidèle et son Alliance est irrévocable : faire mémoire d’un mari et d’une femme exprime cela aussi, avec force. Amen
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