Cette parabole n’est là qu’à nous inviter, à temps et à contre-temps, à écouter.
Dans le premier comme dans le deuxième testament, l’organe le plus mis en valeur, hormis le cœur, c’est l’oreille, avec l’incitation pressante qui lui est assortie : Écoute !
Écouter, c’est d’emblée perdre pied, ne pas anticiper ce qui va venir ni d’où cela peut surgir, à moins d’avoir exercé souvent et longtemps cette faculté à saisir au vol ce que le vent apporte et transporte comme paroles et musiques. C’est faire le pari de la confiance en ce qui se donne à percevoir, et aussi en notre capacité et notre désir de l’accueillir. Pour cela, il faut abandonner tout préjugé et « tous soucis du monde » comme nous y invite l’hymne de la liturgie ; « pour recevoir le roi de toutes choses ».
Ce roi est semeur et son geste est ample, large, sans calcul du lieu où tombera la graine. Il ne craint pas de perdre peu ou prou de ce qu’il donne à profusion. Il a le sens de la surabondance du don plus que de la prévision de la moisson.
Écoute… le silence de ce don. Que la pauvreté ou les pierrailles de ta terre ne t’inquiètent pas. N’aie d’autres soucis que de la travailler et d’accueillir ce qui tombera en elle.
Cette parabole semble faite aussi pour que nous nous interrogions : suis-je de ceux qui ne reçoivent pas la semence, de ceux pour qui elle ne féconde pas la terre ? Nous pouvons sentir que nous appartenons à bien des terrains décrits. Hommes et femmes d’un seul instant, nous laissons si souvent filer la grâce, étouffer la joie par la concurrence obstinée des soucis. Mais l’essentiel est ailleurs : quoi qu’il en soit et quelle que soit notre terre, elle donnera son fruit parce que nous en portons le désir, mais surtout parce que le semeur ne se lassera jamais de semer. « Le Seigneur donne ses bienfaits et notre terre donnera son fruit. » (Psaume 84)
Apprends-moi, Seigneur, à travailler un sol
Où ta semence trouve assez de profondeur pour s’enraciner
Mais si je devais échouer à persévérer
Un coin où ta Parole ensemence ma vie
Laisse-moi la joie, Seigneur, de contempler les jardins voisins
Fleurissant sous l’abondance de ton don. (M.M.C)
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