Tirer de son trésor du neuf et du vieux
Il est étrange que, face à la persévérance du mal, Jésus invite son disciple à « comprendre » quelque chose, à « tirer de son trésor du neuf et de l’ancien »… Il y a des déchaînements de violence aveugle, avec leur cortège d’atrocités qui souvent frappent les plus innocents et demeurent à jamais inexplicables, irréparables… Ce mal qui traverse l’histoire, il nous faut le repérer et le combattre : plus que « scribe », le disciple est appelé à devenir témoin, veilleur, prophète et à tirer du vieux trésor de la Sagesse de la Loi des paroles et des actes capables de dénoncer les forces destructrices et de restaurer la vie.
Mais allons plus loin : que nous faut-il « comprendre » pour vivre du « neuf », selon l’Evangile ? En premier lieu, que nous sommes bien plongés dans ce monde de violence et que ses forces nous traversent. Que nous avons à faire le tri, d’abord en nous-mêmes, pour rompre avec toute compromission et sortir de toutes formes de connivence.
Et puis, il y a surtout à introduire en ce monde, dans lequel nous sommes envoyés, la marque propre du disciple de Jésus : nous expérimentons que le mal est plus fort que nous et nous en subissons, avec d’autres, la loi de fer, mais nous croyons que la fin de ce monde est déjà advenue. Non pas sur le terrain des grands mécanismes de puissance et d’avoir mais dans la terre singulière de chacune de nos libertés et dans l’entre nous des disciples du Ressuscité.
Ainsi nous tirerons le filet jusqu’au rivage de notre espérance : nous sortirons des fantasmes d’une justice de rétribution et de châtiment et nous inventerons, avec Jésus, un monde à la mesure du cœur de Dieu.
Avec quelques autres, « je me déterminai donc à faire le peu qui dépendait de moi : c’est pour cela qu’il nous a réunies ici ; c’est là notre vocation ; ce sont là nos affaires ; tel doit être l’objet de nos désirs, le sujet de nos larmes, le but de nos prières… Le monde est en feu ! Vraiment, ce n’est pas le moment de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance »(Thérèse d’Avila, Chemin 1,5).
Sœur Frédérique Oltra, communauté duCaire, Egypte
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