« Pour vous, en marche ! Vos oreilles entendent ! » (Mt 13,16).
Telle est la traduction choisie par André Chouraqui, en introduction de l’explication de sa parabole dite du semeur, et restée obscure pour nombre de ses auditeurs.
Mais, pour les disciples de Jésus, la parabole est lumière. Accueillie, méditée, intériorisée, celle-ci prend chair en eux et donne du fruit. C’est cela « comprendre », prendre avec soi, faire sienne la Parole, et la fécondité est donnée de surcroît.
Et Jésus de dénoncer, en trois exemples imagés (le bord du chemin, les rocailles, les épines et la bonne terre), le danger à se contenter d’une écoute superficielle stérilisant l’intelligence et le cœur, pour lui opposer l’écoute profonde et féconde.
1. Le bord du chemin, c’est le cœur dur de l’homme qui n’a pas compris, et chez lequel vient le criminel pour arracher tout ce qui a été semé. (v.19).
2. Les rocailles sont le cœur obstrué de l’homme sans racines ou de l’homme d’un moment. Il trébuche quand vient l’adversité. (v.21).
3. Les épines sont le cœur habité par le souci du monde et la séduction de la richesse qui asphyxient et tuent la parole semée. (v.22)
4. La bonne terre, c’est le cœur profond de l’entendeur de la parole qui la laisse pénétrer en lui pour porter du fruit. (v.23).
Sans écoute, la parole s’envole. Nos oreilles sont des radars et des capteurs de sens. Ils l’attrapent, puis, la font descendre pour nourrir l’intelligence et le cœur intérieurs.
Au-delà d’une connaissance savante, la Parole vient éveiller l’intelligence et le cœur, elle n’a d’autre objet que de nous déranger, de court-circuiter notre surdité de trop de bruits, notre engourdissement de tant d’agitation extérieure, notre indifférence de tant de sollicitations tentatrices.
La Parole nous libère de nous-mêmes, en creusant profondément des galeries intimes vers cet Autre à entendre et écouter, et qui nous pousse à sa louange et au service du frère.
En ce jour, où l’Église universelle fête saint Charbel Makhlouf, moine maronite et ermite libanais, à la recherche d’une solitude et d’un silence toujours plus grand, demandons-lui de nous apprendre à creuser cette écoute intérieure, en la bonne terre de chacun de nous.
Sr Nathalie, communauté de Mechref, Liban, 24 juillet 2015
Un commentaire