Ils n’ont pas besoin de s’en aller !
Les foules quittent les villes, le lieu de leurs maisons, de leurs sécurités, de leurs habitudes,… ils les quittent à pied, sans rien emporter, pour suivre Jésus qui s’est retiré dans un lieu désert après la mort de Jean le Baptiste.
Et là, deux manques se rencontrent : celui de Jésus qui s’est fait pauvre pour rejoindre l’humanité, et celui des hommes, fragiles, écartelés entre leur désir et le réel. Jésus est saisi de compassion devant ce manque, il guérit sans compter… Il laisse parler son cœur. Avant de voir un problème, ou des limites, Jésus voit des visages, il croise des regards. Il remarque les traits tirés de ceux qui ont marché longtemps, de ceux qui viennent lui présenter leurs infirmités, et de tous ceux qui attendent une parole de consolation, d’espérance, de vérité… Seul son manque peut apaiser leur manque.
Quel contraste avec la demande, on ne peut plus raisonnable et insensible des disciples : « renvoie donc la foule … qu’ils aillent s’acheter de la nourriture… ». Crispés sur leur manque, ils ne peuvent rejoindre celui de leurs frères humains.
Et la réponse de Jésus ne se fait pas attendre : « ils n’ont pas besoin de s’en aller … donnez-leur vous-mêmes à manger » Les disciples, à qui nous ressemblons tellement, ont-ils oublié que Dieu nourrit son peuple au désert ? Ne voient-ils pas que les foules se nourrissent de la parole de Jésus ? N’ont-ils donc pas encore compris qu’ils ne soulageront le manque de leurs frères, qu’à partir de leur propre manque assumé ?
2 commentaires
RENVOIE LA FOULE : QU’ILS AILLENT … S’ACHETER DE LA NOURRITURE ! » … « ILS N’ONT PAS BESOIN DE S’EN ALLER. DONNEZ-LEUR VOUS-MÊMES À MANGER » … « NOUS N’AVONS LÀ QUE CINQ PAINS ET DEUX POISSONS » (Mt 14, 13-21). Aimer c’est donner, donner sans rien attendre en retour, donner de tout son cœur, et finalement, se donner soi-même. Aimer c’est aussi rejoindre l’autre dans sa souffrance, son manque le plus profond, afin de le libérer de la servitude. JÉSUS est pris de compassion par une foule qui a tout quitté, pour LE suivre, parce qu’elle croit en lui. Une foule qui a soif de nourriture spirituelle, mais aussi du pain quotidien, pour nourrir le corps. Et pour DIEU, celui qui nourrit par les paroles, doit aussi nourrir par les actes et des faits concrets. C’est pourquoi, il n’est pas question de renvoyer cette foule à jeun, de peur qu’elle ne défaille en chemin. Mais, aimer c’est aussi donner ce qu’on possède de plus grand. Ainsi, pour nourrir une foule cinq mille personnes sans compter les femmes et les enfants, il faut que la grâce divine coordonne avec l’effort humain. C’est l’Homme qui présente à DIEU l’effort de son labeur, le fruit de son travail, afin que DIEU en fasse la réalité et la concrétisation d’une promesse, d’un désir. Avant que l’Homme ne voit une situation de détresse, d’impossibilité ou d’inconfort, DIEU a déjà vu des visages à sauver, des personnes à nourrir, des malades à guérir, des vulnérables dont il faut en prendre soin. Ce regard compatissant est le signe de l’amour et de la patience, vers ceux qui peinent ou qui tardent à trouver leur chemin. Et même quand il n’y a que cinq pains et deux poissons, c’est largement suffisant pour combler la foule. Car, c’est à partir du peu que fonde la multitude. Et il faut toujours partir de quelque part, du peu que nous avons déjà, pour s’ouvrir au monde. L’effort quotidien de notre travail, même quand le rendement sera quelque fois moindre, c’est de ne jamais se décourager ni avoir honte de ce que nous avons produit. Car, ce que nous pourrions négliger comme peu, sera pour quelqu’un d’autre d’une grande valeur. Bon début de semaine de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
De pauvreté à pauvreté! Quel magnifique chemin proposé, offert. Oserai-je l’emprunter jour après jour? Oui, dans la mesure où je sais que tu marches aussi avec moi…