Jésus et ses disciples avaient nourri une grande foule. Ils se séparent : le maître pour reprendre souffle sur la montagne dans la solitude de la prière, et les disciples missionnés, partant pour l’autre côté du lac.
La nuit de Galilée n’est pas la même pour tous. Les disciples sont harcelés, tourmentés par des vents contraires. En fin de nuit, Jésus les rejoint sur le lieu où semblent s’agiter les forces du mal. N’est-ce pas un fantôme qui hante leur nuit ? Alors, leurs cris se fracassent aussitôt sur une parole : « confiance, c’est moi, n’ayez plus peur ». Mots auxquels tout enfant s’accroche quand ses terreurs sont visitées par la présence de celui ou de celle qui l’aime.
Comment y croire totalement, puisque les paroles n’anéantissent pas la distance ? Quoi de plus naturel que de vouloir la réduire ? « Est-ce bien toi ? » Se rapprocher, toucher. « Si c’est toi… » Seul le contact physique dans son immédiateté semble pleinement rassurer. Une main qui caresse, des bras qui s’ouvrent, un sourire…
Cependant, rien ne nous dispensera jamais de devoir risquer la confiance. Où seraient la liberté et l’amour ? Des doutes persistent, insidieux, et nous renvoient encore et toujours dans des tourbillons tempétueux.
Mais une nouvelle déchirure, un autre cri nous libère de nous-mêmes, de nos peurs, et ouvre un passage pour une reconnaissance éperdue. « Seigneur ! » « Sauve-moi ! » Tout est dit ou presque. Ne reste plus que l’adhésion humble à ce que nous sommes, à ce que je suis : un « humain de peu de foi ». Alors ensemble, nous toucherons une terre ferme.
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