Contemplons les deux mouvements de Jésus et de la femme cananéenne: “Jésus se retira de la région de Tyr et de Sidon” (v. 21); “Voici qu’une femme cananéenne, étant sortie de ce territoire” (v. 22).
Deux mouvements qui s’appellent mutuellement.
À l’exemple de l’Époux du Cantique, Jésus se cache dans le territoire de la femme l’éveillant à la rencontre de son désir le plus profond. Il fallait que Jésus se retire pour que la femme sorte à sa rencontre. N’est-ce pas là un acte créateur que Dieu opère envers la femme ?
Le poète allemande Hölderlin l’a bien exprimé: “Dieu fait l’homme comme la mer fait les continents: en se retirant”.
C’est le geste de Jésus qui a permis à la femme de franchir la barrière de son territoire païen, de briser tout ce qui la sépare de son “Bien-Aimé”. Elle est recréée. Elle est devenue une femme libre! Pour elle, il n’y a plus ni juif, ni païen; il n’y a ni enfants, ni “chiens”, ni homme, ni femme. Pour elle, il n’y a que Jésus, le Maître, celui que son cœur cherche. Pour lui, elle est prête à se perdre pour le trouver.
Dans son acte de “sortie”, elle se retire à l’exemple de son Bien-Aimé. Et c’est dans cet acte que la rencontre se fait. Son territoire “désertique” et “blessé” devient un jardin de délices qui donne beaucoup de fruits.
Qu’il nous soit donné d’entrer dans ce même mouvement de la femme, mouvement de dépouillement et de liberté, pour aller à la rencontre de l’Ami véritable, en enfants de Dieu.
“Là, son cœur Il me donna;
Il m’apprit une savoureuse science.
Moi je me donnai vraiment
À Lui, sans rien excepter,
Et là je Lui promis d’être son épouse” (Jean de la Croix, CSB 27).
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