Quelle obéissance dans l’agir de Jésus ! N’a-t-il pas lui-même envoyé ses disciples « vers les brebis perdues de la maison d’Israël », (10,6) selon le dessein du Père pour son peuple choisi qui, depuis des siècles est en attente d’un Messie ? Nous voyons Jésus attentif aux signes de l’Esprit : il vient de constater que les plus instruits de son peuple ne sont que « des aveugles qui guident d’autres aveugles » (15,14) Empli d’Esprit Saint, Jésus ne peut qu’être bouleversé au plus profond de lui-même par la détresse de cette païenne qui le supplie au nom de son titre messianique : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! » Son cœur de chair s’émerveille et comprend le dessein du Père. Lui, la lumière qui vient dans le monde n’y entre que là où la porte s’ouvre. Voici que dans les cris de cette humble femme, c’est le vaste monde des nations qui accourt pour mendier instamment les miettes de sa grâce.Dans sa mission Jésus n’est pas esclave d’un programme intouchable, encore moins de la pression idéologique de son entourage. Résolument, pas à pas, il fait le choix absolu d’une intime dépendance à la volonté de celui qui l’envoie : « Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie » (Jn 13,16) « Si dans un seul cœur se trouvaient réunis tout ce poids d’abandon, cette soumission, la figure de ce monde sûrement changerait. Car ce seul cœur vous livrerait passage. »°
Attitude réjouissante mais combien exigeante pour l’Eglise en mission aujourd’hui !
° Madeleine Delbrêl : « Joies venues de la Montagne »
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« SEIGNEUR, VIENS A MON SECOURS ! » … « FEMME, GRANDE EST TA FOI, QUE TOUT SE PASSE POUR TOI COMME TU LE VEUX ! » (Mt 15, 21-28). Quand est-ce que l’Homme exprime réellement sa foi ? Est-ce dans la multiplication journalière des prières ? Est-ce exclusivement dans les moments de méditations ? Ou encore dans la participation assidue à l’Eucharistie ? Le risque d’une foi trop fixée sur la routine est de nous faire perdre le caractère inventif et dynamique de la foi. La foi n’est pas circonstancielle, tout comme elle ne renvoie pas simplement à un ensemble de pratiques ou d’exercices quotidiens, dans la relation avec DIEU. Mais, cette relation vaut, parce qu’elle se renouvelle de jour en jour, parce qu’elle est inventive, s’adapte aux circonstances et situations de la vie de l’Homme. Et même quand l’épreuve nous submerge, la foi doit demeurer active, croître encore plus. L’exemple de foi de la femme cananéenne en dit long. Elle vient d’un milieu païen, pourtant elle a certainement entendu tout ce qui se dit de JÉSUS ou alors, elle a été témoin de certains prodiges. D’où la certitude que le CHRIST soit capable de faire quelque chose pour elle et davantage pour sa fille tourmentée par un démon. Cette certitude justifie son insistance, car croire c’est persévérer, insister, parce que nous sommes convaincus que DIEU soit capable de combler les désirs de notre cœur. Insister par la prière, l’effort et le travail, c’est aussi un mode de dire à DIEU que, ce qui était destiné aux autres, peut aussi s’accomplir en nous. C’est pourquoi CELUI qui dit n’avoir été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël, va se retrouver en train de faire justice à cette femme, parce qu’elle a su insister et persévérer, là où beaucoup ont échoué, à cause de la paresse, du découragement et du relâchement. Tout s’obtient par la vie et le travail ; un travail quotidien, qui se vit dans l’effort, la persévérance et la patience, qui sont en ensemble de vertus propres à la foi. Car, croire c’est être toujours tendu vers un horizon positif, où les choses peuvent se dessiner à tout moment, en notre faveur. Si la foi suscite l’insistance, c’est pour que nous apprenions à être plus précis et attentifs à ce que nous faisons et désirons. Et la grâce divine, même si elle nous précède souvent sur nos chemins, vient comme une réponse ou une réaction à l’action et à la foi insistante de l’Homme. Car, DIEU agit, certes, mais réagit aussi face à l’agir et à la prière de l’Homme, mais selon le mode qui LUI sied le mieux. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
En général l’expression se retirer est utilisée pour désigner un repos, un désengagement ici rien de tout cela, bien au contraire, Jésus va au devant des régions païennes cad qui n’on pas reçu la révélation. Parallèlement une femme autant dire une partie de l’humanité ou de chacun de nous venue de ces territoires, cad sortie de ces territoires, vient à la rencontre de Jésus reconnaissant non seulement ce que les mieux préparés n’ont pas vu mais en plus que, sans Jésus, sa fille cad sa progéniture est condamnée à rester tourmentée par un démon. En d’autres termes que l’humanité n’a pas à elle seule les moyens de se libérer, pire encore que , sans Jésus venue pour la sauver, elle va à sa mort, à moins qu’elle n’offre effectivement, énamourée, abandon et soumission « Que ta volonté soit faite »