La question de Jésus à ses disciples « Pour vous, qui suis-je ? » ne leur est pas posée une fois pour toutes. Elle prend ici un aspect solennel près des sources du Jourdain, à Césarée dans ce carrefour des nations. Mais nous voyons dans les évangiles quel cheminement les disciples font dans la connaissance et la relation qu’ils ont à ce Rabbi qu’ils suivent depuis des mois. Ne viennent-ils pas de confondre le levain des pharisiens avec leur manque de pain : « Vous ne saisissez pas encore ? », leur dit Jésus (MT 16, 5-12). Quand le Père des cieux souffle à Pierre que Jésus « est le Christ, le Fils du Dieu vivant » celui-ci refuse qu’il soit aussi « Le Fils de l’homme qui doit être mis à mort » Mt 16, 21-23. Au jour de la Transfiguration, ils descendaient de la montagne « tout en se demandant entre eux ce que voulait dire _ Ressusciter d’entre les morts _ » Mc 9, 10. A l’Ascension n’attendent-ils pas l’avènement d’un puissant royaume ?
Ainsi voyons-nous l’Eglise, chacune et chacun de nous en elle, éclairés par l’Esprit-Saint, entrer chaque jour dans une relation nouvelle, déstabilisante, dérangeante et indicible avec l’Inconnaissable « qui se donne à connaître » Jn 1, 18 dans sa Parole, dans les sacrements de sa Présence, dans la rencontre de ceux et celles qui cheminent parfois si douloureusement sur nos routes : « J’ai faim, j’ai soif, je suis malade, en prison, tué », c’est Lui aujourd’hui. C’est sans doute du plus profond de son être que Paul, dans les chaînes de sa prison, affirmait :
« Je sais en qui j’ai mis ma foi … Il m’a aimé…» 2 Tm 1, 12, C’est un être faible jusqu’au reniement qui devient le roc, la pierre, sur laquelle le Christ bâtit l’Eglise.
Un commentaire