Césarée de Philippe est une région lointaine en Galilée, située aux confins de la tribu de Dan, au pied de l’Hermon, aux sources du Jourdain. Philippe, le fils d’Hérode le Grand y construit une cité grandiose dans un lieu où la population gréco-syrienne adorait le dieu Pan.
C’est là que Jésus entraîne ses disciples et leur pose la question de son identité. Beaucoup d’interrogations s’élevaient à son sujet depuis les voisins de Nazareth : « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? » Mt 13,54-55 jusqu’à Hérode qui avait exécuté Jean Baptiste et voyait resurgir sa victime : « Cet homme est Jean Baptiste ! C’est lui, ressuscité des morts. » Mt 14,2.
Face au paganisme de cette ville, les disciples sont convoqués à exprimer leur foi et dans un premier temps exposent à Jésus les rumeurs sur sa personne, non seulement Jean Baptiste, mais aussi Elie, Jérémie, un prophète…
C’est à Pierre, Simon fils de Yonas, premier appelé dans l’évangile selon Matthieu – « Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre et André son frère, en train de jeter le filet. » Mt 4,18 que revient la primauté de la réponse.
Jésus construit une Cité nouvelle avec des pierres vivantes et Pierre est l’une d’elles. Premier appelé, il devient l’intendant de la maison du Maître ; ainsi le symbole des clés non pas comme usage de la domination qui ferme l’accès à ses frères mais comme disciple du Christ Fils du Dieu vivant qui ouvre le passage vers la Vie, conscient de son amour fragile.
Un commentaire
« AU DIRE DES GENS, QUI EST LE FILS DE L’HOMME ? » … « ET VOUS, QUE DITES-VOUS ? POUR VOUS, QUI SUIS-JE? » (Mt 16, 13-19). Notre foi est souvent fonction de l’image ou de l’idée que nous avons de DIEU. Et cette idée détermine aussi la façon et même les moyens par lesquels nous nous approchons de DIEU ; même nos prières en dépendent. Pour ceux pour qui DIEU est un faiseur de miracles, un homme de prodiges, la relation sera circonstancielle, occasionnelle, voire périodique. Car, celui qui fait les miracles ne vaut que par ses miracles, il n’est approché que pour ces signes extérieurs et rien d’autre. Et quiconque s’approche de DIEU seulement à partir des signes extérieurs, reste lui-même extérieur, c’est-à-dire sans intériorité, sans profondité. Par contre, celui qui voit en DIEU, plus qu’un faiseur de miracle ou un simple distributeur automatique de grâce et de services, apprend à aller au-delà des simples signes extérieurs. Et c’est aussi à partir de là que se construit notre personnalité et que se forge notre véritable identité. L’Homme n’est pas que matière ; il n’est simplement un amas de chair, dont tout le labeur consiste à nourrir, à vêtir, à entretenir. Il est aussi esprit, intelligence, raison, foi et conviction. Reconnaître le Fils de l’Homme comme le Messie, reconnaître JÉSUS comme le CHRIST, reconnaître le fils du charpentier comme le Sauveur du monde, c’est passer progressivement d’une connaissance approximative, à une identité plus concrète de DIEU. Car, CELUI qui s’est abaissé au niveau des hommes, qui a partagé son repas avec les pauvres, les malades, les exclus de la société, en rétablissant les marginalisés dans leur dignité, est aussi le même qui, après la passion et la croix, ressuscite d’entre les morts, siège à la droite du PÈRE et est établi ROI de l’univers. Ainsi, chercher à découvrir l’identité profonde de DIEU en nous, c’est travailler nous-mêmes à être plus enracinés dans la foi, à fortifier notre espérance, à éveiller notre intelligence aux mystères divins et à façonner la dignité humaine. Ce qui n’appauvrit pas l’Homme, le rend encore plus riche. Et toute recherche de DIEU est toujours un enrichissement pour l’Homme. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua