Elie, prophète de feu a appelé le peuple à la conversion avec force et violence, avant de se convertir lui-même lors de sa rencontre avec Dieu dans une Voix de fin silence. Il fut le prophète de la rupture : du Dieu tout puissant qui se montre dans la violence cosmique, au Dieu silencieux, du Dieu spectaculaire au Dieu qui se fait proche de la veuve, du petit, du pauvre… (1 R 17-19).
Jean le Baptiste, à l’image d’Elie prêche la conversion et vit dans le silence du désert, mais ils ne l’ont pas reconnu. De même la Lumière vient dans le monde et les siens ne la reconnaissent pas (cf. Jn 1).
La descente de Dieu dans la chair ne nous demande-t-elle pas la même rupture, la même conversion ? Elie et Jean le Baptiste nous rappellent qu’il nous faut quitter nos images et nos attentes d’un Dieu tout-puissant à la manière du monde, pour accueillir, en Jésus, le vrai Dieu qui se fait petit, vulnérable, accessible, proche du plus faible …
Déplacement coûteux ! Car nous préférons la force, la gloire, la puissance, la richesse, le visible, le clinquant, le paraître, les honneurs et les titres … Oui, la venue de Jésus appelle notre engagement au même abaissement, à la même vulnérabilité, à la même pauvreté, au même enfouissement dans l’humanité que lui. Il n’y a que par ce chemin que nous pourrons rencontrer vraiment notre Dieu dont la seule toute-puissance est celle de la miséricorde.
Un commentaire
« ÉLIE VA VENIR POUR REMETTRE TOUTE CHOSE À SA PLACE… Mais… ÉLIE EST DÉJÀ VENU ; AU LIEU DE LE RECONNAÎTRE, ILS LUI ONT FAIT TOUT CE QU’ILS ONT VOULU » (Mt 17, 10-13). Quelques fois, nous avons besoins de signes et repères, pour croire ; nous voulons voir, avant de donner notre pleine adhésion. Mais, qu’est-ce que nous voulons réellement voir : est-ce, ce que DIEU nous montre ou alors, ce que notre imaginaire conçoit et tient pour vrai ? Car, une figure ou une image peut renvoyer à quelque chose d’autre que ce qu’elle nous présente de son aspect physique. Et savoir déceler ou découvrir ce qui se cache dans chaque figure et parole que DIEU nous propose, c’est être capable d’entrer dans son intimité même. C’est au travers de sa Parole, que DIEU nous enseigne ses volontés, c’est à partir des signes visibles et des gestes d’attention envers les plus démunis, qu’IL nous exprime son amour et sa miséricorde. Pour préparer sa venue, DIEU nous a donnés un précurseur ; un précurseur, non pas à la manière des hommes, avec un slogan politique ou encore un calendrier publicitaire. C’est un précurseur qui fait le pont entre l’Ancienne et la Nouvelle alliance, entre un passé triste et un futur glorieux. C’est un précurseur qui sait se dépouiller, vivre dans la sobriété. C’est un précurseur ayant pour charge de remettre tout chose à sa place. Hors, dans une société ou une communauté hostile au changement, toute nouvelle proposition, orientation ou suggestion est souvent vue avec mépris et comme une menace. Du prophète Élie à JEAN-BAPTISTE, le faussé est grand, mais DIEU n’a qu’un seul message : inviter l’Homme à la conversion. Deux figures, mais un même enseignement ; deux époques lointaines l’une de l’autre, mais un même enseignement, une même lumière qui se donne à l’Homme. Et malheureusement, la méchanceté et l’ignorance peuvent aveugler notre foi, taire notre pouvoir de décision et ternir notre dignité. ‘‘Au lieu de le reconnaître, ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu’’, au lieu de l’accueillir, ils l’ont rejeté, au lieu de se laisser transformer par DIEU, l’Homme a voulu transformer DIEU, à des fins personnelles. Bon week-end de méditation et de repos
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua