La petitesse, mot de passe pour le Royaume
Ce court dialogue, entre Jésus et ses disciples, nous introduit dans la logique du Royaume, à l’extrême opposé de la vanité et de l’orgueil, logique toute humaine… Oui, il nous faut vraiment « changer » (v.03) pour renaître d’en-haut !
Jésus ne se contente pas d’une parole, il pose aussi un geste, un geste fort et symbolique comme le sont ceux des prophètes de l’Ancien Testament pour que la Parole s’ancre dans le cœur et la mémoire du peuple. Jésus va leur parler de ce renversement obligé, s’ils veulent avoir place dans son Royaume : « si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (v.03).
Jésus prend, alors, un vrai petit enfant… qui passait par là. Il le met [enmeso], « au milieu » d’eux, au centre, centre des regards, centre de l’attention.
« Alors Jésus prend un enfant et le place au milieu d’eux. Voilà sa réponse aux disciples et à leurs questions de préséance. Là où ils en sont encore à disserter de positions sociales et de hiérarchies, il lui suffit d’un mouvement des bras pour leur dire le sens de la grandeur. En quelques secondes, il pose devant eux, médusés, un geste bien plus radical qu’il n’y paraît à première vue. Dans un magnifique soulèvement de tendresse, il leur présente un enfant parchemin à travers lequel il écrit le cœur de son testament : l’avenir est aux fragiles et à ceux qui leur ressemblent. Les enfants, à l’époque, ils se faufilent, ils mendient, ils s’agglutinent, et, le plus souvent, on les repousse et on les chasse comme des moineaux, pour les faire s’envoler. Jésus en attrape un au vol… » [Gabriel Ringlet, La Croix du 22-23 septembre 2018]
Cette place au cœur des Douze n’est pas une place liée à un quelconque privilège, non… c’est la place du plus simple, du plus fragile, de celui qui est dépendant des autres. En fait, c’est la place de tous les abaissements, la place de celui qui s’apprête à vivre sa Passion, car dans une habile ellipse narrative, Jésus s’identifie à cet enfant, ou plutôt, il identifie cet enfant à lui-même : « celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi » (v.05).
Ceux qui se mettent à hauteur d’enfants, ont plus de chance de voir Dieu, de l’entendre et d’être en communion avec lui (par ses anges-messages)… que juchés sur des escabeaux, car depuis tous les temps, il regarde les humbles et abaisse les puissants. « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (v.10). C’est le propre de Dieu de s’abaisser…
Que les anges qui veillent sur nous nous gardent à la bonne hauteur de Dieu. Bonne fête des anges gardiens !
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