Notre frère Pierre semble avoir pris à cœur les leçons de son maître capable de bonté et de générosité. Il avait donc l’impression d’aller très loin en offrant 7 fois le pardon au même offenseur. Puisque 7 est le chiffre de la plénitude divine, Pierre pensait qu’ainsi il pardonnerait comme Dieu.
Et dire que nous sommes parfois si fiers de pardonner deux fois, voire de manière exceptionnelle, trois fois ! Mais Jésus multiplie l’apparente démesure de Pierre par 70 ! 10 fois la plénitude divine multipliée par elle-même. Face à cela, nous voici complètement désarçonnés : il faut arrêter de compter, de manipuler la calculette, de peser, de mesurer.
Le pardon ne se chiffre pas, ne se comptabilise pas.
Voyons donc ce que la parabole nous dit : nous devions des millions et des millions, et tout, absolument tout nous est remis simplement parce que nous l’avons demandé. Dieu est pris aux entrailles et efface toutes nos ardoises. Croyons-nous que le pardon est total, gratuit ? Entrerons-nous en reconnaissance, saurons-nous vraiment dire merci, laisserons-nous notre cœur se dilater et devenir à son tour compatissant ?
Puisque Dieu transforme si radicalement notre passé, cessons donc de compter. Prenons le temps de recevoir ce qui nous est donné pour gracier à notre tour, transformer avec et pour les autres leur passé. Le pardon se passe au relais. Ne devais-tu pas à ton tour… ?
En arithmétique évangélique, 77 fois coûtent moins que 7 à celui qui pardonne. Pardonnant 7 fois, je compte théoriquement sur mes forces. 77 fois, j’en suis, à l’évidence, tout simplement incapable. Établissant une mesure, je me prive de la démesure de Dieu.
Aurais-je le mauvais goût de devenir impitoyable ? En Évangile, être pardonné et pardonner sont un seul et même mouvement. Ce n’est pas une condition morale : c’est une dynamique de l’âme.
Gâcherai-je la joie de Dieu, celle de mes frères et la mienne ?
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