Quels sont les critères du pardon et du jugement ?
A Pierre qui demande un critère quantifiable, Jésus répond par une attitude…
Depuis que Pierre suit Jésus, il perçoit bien que le pardon dans la relation est un lieu à revisiter, à penser à nouveaux-frais. Pierre propose d’élargir l’espace de pardon augmentant généreusement le chiffre classique. Après tout, Jésus ne pense pas comme les autres, n’agit pas comme les autres. Il se positionne avec autorité…et pardonner sept fois semble très généreux !
Jésus se positionne autrement. Il invite à agir avec ses entrailles, à se laisser bouleverser, à faire l’expérience nouvelle. Il lie l’expérience de l’amour à celle du pardon. Aimé, l’homme peut entrer dans une relation qui ne juge pas, une relation de pardon. Pardonné, il peut entrer dans une dynamique de regard autre. Il reçoit le don du pardon de Dieu et le partage.
Mais le pardon, la miséricorde sont si fragiles…le roi dans sa colère va vendre cet homme ingrat. Nous sommes responsables les uns des autres sur ce chemin de miséricorde.
Regardons combien les compagnons sont attristés de voir cet homme relaxé déverser sa violence sur son débiteur.
Remarquons que Pierre se situe comme celui qui va devoir pardonner, et non comme le débiteur. Il aurait certainement pensé autrement s’il s’était mis à la place du débiteur. Et c’est ce déplacement que Jésus invite à opérer. Tout change quand tout ce à quoi nous tenons est prêt à être mis en vente, cédé, perdu…Tout change quand nous accueillons le don du pardon de Dieu et le partageons avec d’autres.
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COMBIEN DE FOIS DOIS-JE PARDONNER À MON FRÈRE ? JUSQU’À SEPT FOIS ? » JÉSUS LUI RÉPONDIT : « JE NE TE DIS PAS JUSQU’À SEPT FOIS, MAIS JUSQU’À 70 FOIS SEPT FOIS (Mt 18, 21-35). La limite du pardon c’est le pardon sans limites. Car, pardonner 70 fois sept fois, c’est pardonner tous les jours, à chaque fois que la possibilité nous est donnée de le faire. Pierre sait la valeur et l’importance du pardon, c’est pourquoi il demande à JÉSUS combien de fois il doit pardonner à son frère. Seulement, sans attendre la réponse de DIEU, il propose déjà une limite, comme s’il voulait influencer le jugement divin ou orienter sa réponse. Ainsi passée cette limite, il pourra aisément se venger, avec la pleine conscience d’avoir au moins pardonné. Il semble avoir un cœur divisé, entre la volonté de pardonner et le désir de rendre le mal par le mal. Un cœur qui croit, certes, mais qui manque de persévérance, de patience. Croire c’est aimer jusqu’au bout, persévérer dans l’amour, vivre dans la dynamique du pardon et de la miséricorde. Or, pardonner c’est prendre de la hauteur, être plus grand que la douleur qui nous pousse à la haine, à la vengeance, à la violence. On pardonne, non à cause d’une faiblesse ou par lâcheté, mais, parce qu’on a aussi déjà été pardonné une fois dans la vie, mais aussi pour freiner tout risque de conflits et guérir de l’amertume du cœur. C’est parce qu’il n’est pas facile de pardonner, que le pardon en soi acquiert une grande valeur dans les relations humaines, fraternelles et familiales. Car, tout ce qui exige de nous un effort supplémentaire, un secours de la grâce divine, élève notre esprit et notre cœur, pour donner plus de dignité à notre nature humaine, malgré ses faiblesses. C’est pourquoi convoque notre sensibilité, montre la vulnérabilité humaine et encourage l’esprit fraternel. Il faut donc pardonner de tout son cœur, pour que ce cœur ne soit pas divisé, confus et exposé continuellement à la douleur et à la tentation. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua
« Pierre aurait certainement pensé autrement s’il s’était mis à la place du débiteur. »
Comme ce va-et-vient du pardon reçu et donné qui est au cœur du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi ».
Cela me fait penser à la maxime des deux paniers : « Si tu veux être heureux, chemine avec deux paniers, un pour donner et un pour recevoir »