Il est bon de lire et d’écouter avec un cœur d’enfant, heureux et encore étonné d’entendre une histoire 100 fois racontée, le récit d’un jeune homme qui a déjà de grands biens. Cette information ne vient qu’en toute fin de péricope. (V. 22) Il semble quasi impossible que ses biens soient le fruit de son travail. Sans doute un héritage, un don tout gratuit. Mais au lieu d’épiloguer sur cela, il est juste de poser d’abord un autre regard sur celui qui vient à Jésus pour l’interroger. Il désire que ce qu’il fait soit bon en vue d’un bien qui demeure pour toujours : la vie éternelle.
Dans son dialogue avec lui, Jésus l’aide à déplacer sa préoccupation pour se tourner vers Celui qui est source de tout bien véritable, vers Dieu qui seul est bon. Jésus l’interroge et le renvoie, non seulement à son désir profond, mais à cet Autre. Il donne aussi une réponse à ce que ‘celui qui vient ’désire savoir. Il fait mémoire du chemin qui mène à la vie, chemin que le jeune homme reconnaît avoir emprunté. Il a obéi et observé l’injonction d’aimer son prochain comme soi-même. Ce verset repris dans l’Evangile de ce jour, résume toute la partie de la loi qui concerne autrui. (Lev 19, 18). Mais surprise, grand étonnement pour le lecteur : Jésus ne dit absolument rien du premier commandement qui vient bien en tête du décalogue et qui est largement déployé dans l’Ecriture. (Ex. 20, 1-11) Comment le résumer ? A chacun de tenter de le faire : aimer et marcher avec son Dieu, le préférer à tout, avoir l’amoureuse audace de vouloir être parfait, le désir infini, non seulement d’aimer comme Dieu, mais d’aimer Dieu. (Cf Thérèse de Lisieux).
Pour cela, il faut avoir les mains ouvertes et vides : aller, vendre ce qu’on possède, le donner aux pauvres. Nous ne serons pas pauvres de notre don ! Au contraire, nous aurons un trésor que ni mites ni rongeurs, ni voleurs n’entameront jamais. Recevoir est le trésor. (Cf. Mt. 6, 19-20) Et surtout, n’avoir d’yeux que pour Jésus : venir à lui et le suivre sur le chemin. Il est lui tout notre premier commandement. Et l’heureuse tristesse que nous éprouverons avant de laisser des biens périssables nous donnera de reconnaître que ce que nous faisons n’est pas l’essentiel. Cette tristesse sera un aiguillon qui nous aidera à nous élancer, le cœur libre et joyeux, sur le chemin avec Celui que nous chanterons comme l’amour de notre vie. « Sur la trace de tes pas nous courrons… »
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