Matthieu 19, 3-12

DE GRÂCES EN GRÂCES…
La vie, nos vies sont une épreuve, une succession d’épreuves où nous avançons d’échecs en échecs. Et cette remarque préalable pourra, peut-être, excuser la mise à l’épreuve des pharisiens envers Jésus, car ils semblent projeter sur lui, ce qu’ils ne pourront jamais atteindre de leur propre force. L’obsession de la faute (ici, l’adultère) les enferme dans la culpabilité. L’image parfaite et irréprochable, à laquelle ils aimeraient tant correspondre, est en fait inatteignable par la voie qu’ils empruntent. Leurs lois et leurs préceptes ne sont que des leurres marouflant leurs déviances, leurs manquements, et leur dureté de cœur.

Jésus répond, clarifie la situation, et les renvoie à la pureté et l’unification des origines : un Dieu « un » et une chair « une ». Il y a une beauté première et inaltérable dans sa Création où tout est lié, où Dieu se lie à sa créature et lui propose de se lier de la même manière à l’être accordé. Tout part de ce constat et de ce double émerveillement sur la bonté de Dieu et la reconnaissance amoureuse : « l’os de mes os, la chair de ma chair ! ». Avec lui, nous marchons, dans la logique de la grâce, de commencements en commencements.

« Il pleut des gouttes ». Sculpture végétaux et fils de métal de Sybille Besançon exposée dans le cadre du circuit des chapelles 2021, Locquémeau © CSJ
Les disciples, quant à eux, découragés, surenchérissent à la provocation des pharisiens : à quoi bon faire, puisque, pour l’homme, c’est impossible ? Les pharisiens font seuls, mais les disciples abandonnent tout, vaincus d’avance. Or, tous sont dans l’erreur.
C’est pourquoi Jésus leur ouvre une troisième voie, en parlant du mariage ou du célibat. Qu’ils soient charnel ou mystique, ce sera toujours par ce retour au Dieu unique et à l’unification de l’être fiancé à Lui pour toujours, que l’homme et la femme seront totalement libres. « Ne pas se marier à cause du Royaume » c’est tout miser sur la grâce divine. Celle qui ne peut faire qu’avec Dieu et celle qui projette – toujours plus loin que nos peurs et que nos pulsions de mort – son avenir et sa fécondité. Jésus désigne cette ligne de crête qui ouvre à son Royaume, cet évangile où la pauvreté attire la miséricorde, et où la miséricorde se penche sur la pauvreté.

« C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure »
(2Co 12,9).

2 commentaires

  1. D’échecs en échecs… ou de grâces en grâces,  c’est à dire «de commencements en commencements» quand l’homme est plongé dans la grâce pascale où la mort ne peut plus avoir le dernier mot.
    La vie, nos vies sont une épreuve, une succession d’épreuves où nous avançons d’échecs en échecs et si cela est possible de relèvements en relèvements.

  2. Méditation qui porte à méditer, et, grande découverte, Sybille Besançon, même si la première phrase est un peu péssimiste 😉

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