« Prends l’enfant et sa mère » ; « Joseph prit l’enfant et sa mère » …
Dans le monde qui est le nôtre nous sommes renvoyés à ces images quotidiennes sur nos petits écrans : serpentins d’humanité déshumanisants, colonnes de misère, voyageurs sans bagages, errants, ballottés, pourchassés, fatigués, harassés… Toutes ces familles disloquées par les drames de notre planète ; tant d’autres de nos sociétés modernes, composées, décomposées, recomposées… Et nous célébrons « la Sainte Famille » ?!
« Il eût pitié de cette foule, car ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger. » (Mc 6,34)
Cette pitié, Le Fils de Dieu ne l’a-t-il pas puisée, à peine né, dans ses propres errances pour rejoindre les nôtres de l’intérieur. Faut-il désespérer de notre humanité au lendemain de l’annonce de la naissance du Sauveur ? Quel est donc ce salut ? Qu’a donc changé l’incarnation au concret de nos vies ? Faut-il y croire, ou est-ce une histoire pour enfant, une histoire de crèche et de santons, de cadeaux et de père Noël qui revient chaque année pour nous faire oublier la dureté de la vie ?
Avec Joseph pourtant, nous sommes appelés à être « acteurs de l’histoire du salut. » Qu’en nous croisse « l’homme intérieur », l’être d’Écoute de la Parole du Tout Autre, si discret parfois qu’Il se mêle à nos songes. Comme Jésus nous l’enseigne, prions pour le don de l’Esprit, qui nous donne « une vraie sagesse » et l’audace de « nous lever » (Mt 2,14. 20.21) même dans la nuit, pour protéger la vie, (l’enfant et la mère) partout où nous sommes. Sauver la Famille humaine, restreinte et universelle, les liens familiaux, les véritables « traditions » n’est-ce pas « accomplir la Parole » (Mt 2, 15-23) Vivre les traversées que la vie nous impose, accepter pauvrement les déracinements, sortir de nos conforts, traverser nos peurs dans la confiance à une parole, celle de Dieu, celle du frère ou de la sœur, n’est-ce pas passer avec Joseph et la Sainte Famille, de la nuit à la lumière ? Risquons avec lui la Confiance, celle d’Abraham notre père dans la foi, celle du Fils de Dieu qui « de riche qu’Il était se fit pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté » (II Cor 8,9), et faire de nous une seule et même Famille, celle des enfants de Dieu.
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