Prémices du Salut, sauvetage et massacre
Matthieu commence son récit par la bonne nouvelle, celle du « sauvetage » du Sauveur. L’évangéliste libère son lecteur de tout suspens, par la mise à l’abri de Jésus en Égypte. Le dessein de Dieu est sauf, la cruauté du roi Hérode circonstanciée. L’ange l’a dit, Joseph l’a mis à exécution, les deux paroles prophétiques d’Osée et de Jérémie l’ont prédit et confirmé.
Mais le sauvetage ne peut effacer le massacre. Le texte se termine par le cri de Rachel. Un cri déchirant l’histoire et faisant écho jusqu’à nous à celui de toutes les mères d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Notre triste actualité de Syrie ou d’Irak le relayant à son tour.
Un survivant pour tant de morts ? N’est-ce pas cruel et désespérant ? Comment concilier sauvetage et massacre ?
Il y a deux façons de méditer cet évangile, et celle de la foi nous oblige à un retournement. L’enfant sauvé, sauve tous les enfants tués, de l’oubli et de l’ignorance. Ils sont ces « Saints Innocents, martyrs » que toute l’Église célèbre aujourd’hui, en cette Octave de Noël. Par son Incarnation, Jésus prend avec lui tous les disparus, et il invite les vivants à regarder vers la Vie. Par sa résurrection, il arrachera tous les morts à la terre (Mt 27,52). Il ne s’agit pas d’un sauvetage particulier, mais du Salut universel. En lui, nous sommes tous sauvés.
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