Nous ramenons si souvent les choses et les événements à note propre perspective, à notre propre intérêt. Dans le concret de nos existences, ce n’est pas nous qui tournons autour du soleil, mais le soleil qui doit tourner autour de nous. Alors, la gratuité n’est pas souvent notre horizon et par conséquent, la joie non plus.
Mais il est certain que nous avons besoin de mesure pour évaluer nos vies et nous repérer au quotidien. Il n’en va pas de même pour Dieu qui n’a besoin d’aucune mesure, si ce n’est celle de l’amour qui est précisément sans mesure, comme l’écrivait saint Bernard. Et en Royaume de Dieu, nous sommes toujours incapables d’évaluer la vérité de l’engagement des uns et des autres, y compris du nôtre.
Ce qui frappe chez les ouvriers de la 11ème heure de la parabole, c’est la réponse qu’ils font à celui qui les interroge sur leur inaction : « personne ne nous a embauchés ». L’attente peut être douloureuse, désespérante, mais aussi féconde. « Notre attente est toujours comblée par la surprise. Comme si ce que nous espérions était toujours inespéré. Comme si la vraie formule d’attendre était celle-ci : Ne rien prévoir- sinon l’imprévisible. Ne rien attendre- sinon l’inattendu. » Notre oisiveté peut être féconde lorsqu’elle nous travaille de l’intérieur pour rester disponible à sa Parole.
Tu es le Dieu de mon oisiveté
Tu donnes le temps en larges brassées
Le temps vivant d’être devant toi
Tu es un Dieu bien ingénieux
Qui ressuscite nos temps morts
Au simple bruissement de ta présence
Tu es le Dieu de l’inutile, de rien tu sais faire quelque chose
Et tu recycles nos temps perdus
En les faisant entrer dans ton Éternité. (M.M.C)
[1] Christian Bobin, L’éloge du rien.
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