Matthieu 20, 17-28

LIVRÉ – DÉLIVRÉS
Jésus annonce sa « montée » à Jérusalem, son élévation – comme Isaac fut le fils  remis à Dieu : « monté en montée sur l’un des monts » (Cf. Gn 22,2, traduction Chouraqui). C’est le temps de l’Offrande, de la Remise totale de sa vie au Père.
Pour ce faire, en abandon et passivité totale, Jésus est livré aux hommes. Ainsi, de mains en mains Jésus passera : « le Fils de l’homme sera livré […] » (v.18) ; « ils le livreront […] » (v.19).
L’Heure de Gethsémani s’approche, l’heure de la coupe : « Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » (Mt 26,42). Totalement livré à son Père, il la boira. Non pas qu’il soit soumis à la cruauté des hommes mais parce que sa volonté se fait obéissance sans condition au Père.

Psaume 56, « Recueille en tes outres mes larmes », © Soizick Oarda

C’est vrai que Jésus est livré aux mains des hommes jusqu’à celles des nations païennes ignorantes de l’amour de Dieu (c.19), mais c’est avant tout Jésus qui s’offre et se livre pour elles.

De toute la hauteur quasi mystique de la communion entre le Père et le Fils, nous retombons brutalement sur la préoccupation humaine et vénal du pouvoir, à travers la polémique de la double gouvernance provoquée par les intérêts personnels de Madame Zébédée, à savoir que si c’est vraiment Jésus qui commande dans son Royaume, eh bien, qu’il ordonne à ses deux fils de siéger avec lui. Elle a tout faux. Jésus parlait de son Royaume, elle le pervertit en autorité humaine ; Jésus ouvrait à l’universel, elle le referme à son domaine personnel ; Jésus parlait de don, elle le rétrécit aux privilèges particuliers ; Jésus parlait de service, elle le galvaude en domination ; Jésus se souciait de toute l’humanité, elle l’ignore pour sa vie privée et coupée de toute fraternité ; Jésus se fait dépendant de son Père, elle s’affranchit de son Créateur.
En réponse à cette tentation de domination et de pouvoir, Jésus tend à tous ceux et toutes celles qui veulent être ses disciples, sa coupe à boire. Il réaffirme qu’il n’y a pas d’autre chemin que le sien, pas d’autre espace que la croix, pas d’autre fécondité que celle du service et de la souffrance-obéissance, car c’est bien en cette humiliation qu’il se livre pour délivrer les multitudes.
Ouvrons-lui nos cœurs et laissons-le nous élever jusqu’à lui, par son propre chemin d’obéissance filiale (v.28), à genoux devant son Père et nos frères et sœurs en humanité.

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