Violence pour le Royaume
Dans une première lecture, cette parabole peut nous mettre mal à l’aise et nous interroger sur le bien fondé des violences reçues et commises (les serviteurs de la noces sont tués par les invités, mais d’un autre côté ne pas répondre à l’invitation signe leur arrêt de mort, la colère du roi, l’incendie des villes et le meurtre de ceux qui le refusent n’est ni un signe de fête, ni un signe de paix). Pourtant, en éclairant la parabole par la vie même de Jésus et dans l’effort d’une relecture, elle peut nous donner quelques indices sur l’urgence et l’exigence du Royaume des Cieux.
Commençons par la bonne nouvelle : « Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives » (v.10). Le banquet est ouvert à tous, sans jugement et par pure miséricorde du roi. Chacun des invités est revêtu du vêtement des noces, il n’y a donc plus de différences entre les hommes, il ne leur est rien demandé, seulement d’être là. Et ils sont venus nombreux puisque la salle est comble.
Jésus aurait pu s’arrêter là, mais non … il détaille et jette le trouble, racontant ce qu’il vit à travers les refus, les rejets, les trahisons, le manque de foi de ses contemporains, et ce qui est arrivé aux prophètes qui l’ont précédé. Du coup, la bonne nouvelle se nuance : « Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (v.14).
La noce n’a en fait rien d’un divertissement, mais nous plonge dans le mystère et le scandale de la Croix : cette alliance de sang par notre baptême qui est une plongée dans la mort et la résurrection du Christ.
La question à se poser n’est donc plus de savoir si je veux ou si je vais m’amuser à la noce, mais de revêtir le Christ. L’invitation nous renvoie donc à notre foi qui est de savoir si j’adhère ou non de tout mon être au « roi », à celui qui me conformera à sa ressemblance. Suis-je avec lui (ou contre lui) jusqu’à recevoir, par son fils qui s’est offert pour tous, la fidélité et l’espérance au pied de la Croix et de toutes les croix du monde, dans un consentement à l’invitation de chaque eucharistie ?
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