Matthieu se fait ici l’écho des difficultés que sa communauté, issue pour sa plus grande part des milieux juifs, vivait dans ses relations avec le judaïsme officiel. Dans le premier discours sur la montagne, Jésus avait proclamé sept béatitudes, maintenant, il proclame sept malédictions. Se faisant, il se situe dans la lignée des prophètes qui ne craignent pas d’utiliser un langage vigoureux pour mener le peuple à la conversion : « Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres. Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s’estiment intelligents…» (Is 5,20-21).
Scribes et pharisiens sont sensés savoir lire l’Ecriture, mais Jésus les plaint parce qu’ils ne discernent pas ce qu’il y a sous la lettre de l’Ecriture.
Malheureux sommes-nous lorsque nous nous croyons sages et intelligents, en règle avec toutes les prescriptions de l’Eglise, et que nous estimons appartenir au cercle restreint et privilégié des parfaits, des bons chrétiens. Oui, malheureux sommes-nous, car l’Evangile a été révélé aux tout-petits : à ceux qui ont besoin de l’amour des autres et de Jésus pour connaître le Père, à ceux qui savent qu’ils ont tout reçu d’un Autre et que c’est à Lui que tout retourne. Heureux sommes-nous si nous accueillons chaque jour la Bonne Nouvelle de l’Evangile comme un don d’amour unique et premier, source d’un chemin toujours nouveau de conversion et d’un appel à devenir vraiment enfants du Père et frères en humanité, sans frontières entre ceux du dedans et ceux du dehors, entre les purs et les impurs, entre les supérieurs et les inférieurs, …
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