Serait-ce une bonne nouvelle de se faire traiter d’hypocrite, même si cela est assorti d’un profond regret, d’un cri qui pourrait avoir des nuances de compassion de la part de celui qui énonce cette « sentence » ? Ce n’est pas impossible, et on peut faire le pari que c’est une belle chance pour celui ou celle à l’encontre de qui cette parole surgit.
L’ « hypocrite » ? C’est celui qui dissimule ses véritables intentions pour plaire ou manipuler. Nous pouvons entendre cela pour nous, au moins de temps en temps. Car qui peut se targuer d’être toujours pur dans ses intentions ? Et soyons un peu simples et honnêtes un moment : c’est souvent la peur qui motive ce ou ces comportements. Nous voulons exister à tout prix, être reconnus, préférés.
Cependant, quelque chose en nous aspire toujours à la vérité, pourvu qu’elle ne nous disqualifie pas pour recevoir l’amour auquel nous ne cessons d’aspirer.
Si le regard scrutateur du Christ ne perd pas une miette de nos vies, cela peut s’avérer désagréable parfois. Mais le regard qu’il pose sur nos vies n’est pas là pour nous ‘attendre au tournant’. S’il tente de débusquer ce qui empêche les relations fraternelles et l’accueil du don qui ne cesse de nous être fait, c’est pour nous permettre d’y accéder. Il nous précède dans la libre circulation de nos trésors. Il n’est pas là, comme nous le sommes, pour critiquer, juger la manière de faire des autres, les évaluer, et surtout les condamner pour montrer que nous sommes meilleurs, que nous faisons mieux ou aurions évidemment mieux fait. Seule la vérité rend libre et nous le croyons tout autant que nous l’espérons : « amour et vérité se rencontrent ».
Et voilà une folie proposée, un chemin qui va de nos impossibles au « tout possible » dans l’amour de Dieu :
- Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
- Moi ? Rien. Je réfléchis sur ce qu’est un sourire, un vrai sourire.
- C’est tout, rien d’autre ?
- Non, rien d’autre, mais ça prend tout mon temps. Il me semble que si je découvre de quel abîme étoilé remonte vers nous un vrai sourire, alors je n’aurai pas perdu ni mon temps ni ma vie.
Christian Bobin
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