Le cadre de la Parabole de ce jour (celui du discours eschatologique de l’évangile de Matthieu, chapitres 24-25),avec la double annonce dont il est porteur, risque de nous démobiliser. L’événement historique de la ruine annoncée de Jérusalem est très loin derrière nous. Et l’imminence de la fin des temps est un « sentiment » que nous ne connaissons pas ou peu.
Dès lors, de quoi s’inquiéter ? Et que vient nous dire cette Parole de Dieu ?
Elle rappelle l’horizon de nos vies de disciples du Christ. Horizon proche ou lointain, là n’est pas l’essentiel. L’important est qu’il soit.
Pour ce qui nous rapproche (ou nous distance) de ce temps, nous avons en commun, au-delà de nos vocations singulières, d’être des veilleurs.
Des veilleurs tournés vers « Celui que leur cœur aime » (Ct 3, 1), appuyés sur une promesse. La liturgie nous donne toujours et encore d’entrer dans ce mouvement : « Il est juste et bon de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à toi Père très saint, par le Christ notre Seigneur. Le rappel de sa mort provoque notre amour, l’annonce de sa résurrection ravive notre foi et la promesse de sa venue nourrit notre espérance. » (5è Préface commune). « Notre vocation n’est-elle pas de nous attarder auprès du Seigneur et de désirer sa venue ? » (Règle de vie du Carmel St Joseph)
Des veilleurs au sens où toute mission chrétienne, singulière elle aussi, se reçoit d’un Autre. De façons bien diverses, selon la créativité de l’Esprit, nous sommes tous « établis », veillant sur « les gens de la maison » du Père, pour « leur donner la nourriture en temps voulu » (Mt 24, 45).
Le récit parabolique de ce jour nous donne part au dialogue intérieur du « mauvais serviteur » : « Mon maître tarde » (v 48). Quel est l’antidote de cette impatience qui frise le doute ? Nous n’avons pas accès au dialogue intérieur du « serviteur fidèle et avisé ». Il semble se tenir dans le moment présent, occupé à « sa » tâche, celle qui lui est confiée, attitude promise à la béatitude : « Heureux ce serviteur que son maître en arrivant trouvera occupé de la sorte » (v 47). Nul ne sait qui des deux ouvrira la porte. La joie promise est la même.
Un commentaire