« Toi, mon familier, mon intime ! Nous échangions de douces confidences, et nous marchions de concert dans la maison de Dieu ». (Psaume 55, 14-15)
Ces paroles ne cessent d’être adressées à Judas. Elles ne le condamnent pas et demeurent l’appel de l’ami qui jamais ne reniera celui avec qui il a partagé le pain et la route. « Ami » ! C’est bien ainsi que Jésus nous appelle, au plus fort de la séduction, de notre réponse, mais aussi au plus bas de nos trahisons. Si nous pouvions entendre cette douce interpellation au plus douloureux de nos fautes, nous garderions au cœur la confiance qui jamais ne se noie. Et peut-être nous laisserions-nous aller à la tendre miséricorde du Seigneur. Car la plus grande tentation est bien celle qui suit nos trahisons : c’est celle du découragement et du désespoir. « D’un cœur brisé Il n’a pas de mépris ».
« L’un de vous va me livrer. » « Serait-ce moi ? » Tous, nous en sommes capables. Et peut-être l’avons-nous fait. « Cet homme, c’est toi ». dit Nathan à David après son péché. C’est aussi ce que Jésus laisse deviner à Judas.
Notre frère Judas ! Il n’est pas né traite et se tient encore dans la proximité de Jésus. Sans doute n’a-t-il pas fait l’expérience d’une rencontre authentique avec son rabbi. N’entend-il pas qu’Il est là pour le recevoir dans ses contradictions, ses abîmes de jalousies de violence, de cupidité ? Ne sait-il pas qu’Il est là pour lui indiquer un chemin et lui dire que tout peut être traversé ? « D’un cœur brisé Il n’a pas de mépris… »
« Mon temps est proche. » C’est l’heure du consentement libre et total, du don sans retour. L’heure où le Fils, en sa pleine humanité, traverse toute épreuve. L’heure où Dieu accepte d’être humilié pour donner toute la place à la liberté humaine. L’heure où tout abandon, toute trahison, toute désespérance et toute mort sont visités par l’humble présence de l’Unique, pour que jamais nous ne perdions la pauvre et petite espérance.
Que mon cœur se brise devant toi, car « d’un cœur brisé, tu n’as pas de mépris ! »
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