Galilée des païens
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus de retour du désert où l’Esprit l’a conduit, quitte Nazareth pour se retirer à Capharnaüm aux confins du Jourdain, « Galilée des païens ». Jésus choisit résolument de venir vivre au milieu des obscurs. Que veut nous dire Matthieu ? Jésus accomplit la prophétie d’Isaïe dans l’annonce de l’ouverture du Salut à l’universel. Zabulon et Nephtali, deux territoires couverts d’opprobre – Is 8,23- , situés à l’ouest du lac de Kinnereth et au pied du Liban, sont des régions périphériques dont la population mélangée, ouverte aux influences païennes, est peu estimée. Carrefour des nations, cette terre était un lieu de passage sous l’Antiquité vers la Syrie, fréquentée par toutes sortes de peuples bigarrés.
Quelle est cette lumière annoncée par le prophète, qui se lève sur ce pays de la mort ? Telle une aurore se lève la Parole. « Convertissez-vous : le Règne des Cieux s’est approché. » Jésus Bonne Nouvelle du Salut est lui-même cet Evangile : « guérissant toute maladie et toute infirmité dans le peuple ».
Après la résurrection, Matthieu n’achève-t-il pas son récit par l’annonce de l’ange pour les disciples à rejoindre cette Galilée des nations « ce peuple assis dans les ténèbres » Mt 4,15-16. « Voici qu’il vous précède en Galilée » Mt 28,7 Jésus ressuscité vient lui-même à la rencontre des femmes : « Allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » Mt 28,10 Pâques se vit dans la Galilée des nations. (Pâques en Galilée, Eloi Leclerc DDB).
Un commentaire
LE PEUPLE QUI HABITAIT DANS LES TÉNÈBRES A VU UNE GRANDE LUMIÈRE. SUR CEUX QUI HABITAIENT DANS LE PAYS ET L’OMBRE DE LA MORT, UNE LUMIÈRE S’EST LEVÉE (Mt 4, 12-25). DIEU voit le fond de nos cœurs, bien mieux que nous-mêmes. IL nous connaît au plus profond, dans les plus petits détails, et même là où, parfois, nous ne désirons pas regarder parce que ce n’est pas beau. Mais, DIEU est amour, et le regard qu’IL pose sur nous est un regard d’amour et de miséricorde, un regard qui voit pour purifier et sauver, et non un regard comme celui que nous posons d’habitude sur les autres, pour critiquer et condamner ou encore pour exposer leurs défauts au grand jour. Du milieu des ténèbres, une lumière a jailli, du milieu des doutes et du désespoir, du milieu de la peur et des inquiétudes, quand il n’y avait plus d’issues, le peuple a vu se lever une lumière, une lueur d’espoir, un horizon qui s’ouvrait. Face à tant de souffrances et de misère, l’amour de DIEU a hâte à agir. Et plus cet amour se déploie, plus il fait reculer le mal, ainsi que les ténèbres qui font obstacle à l’épanouissement de l’Homme. Et lorsque l’amour aura repris tous ses droits sur le monde, l’humanité retrouvera sa vraie dignité. C’est l’amour de DIEU pour son peuple, qui le met en mouvement et qui stimulera constamment sa mission. Il nous faut toujours un motif, pour nous engager à agir dans le monde et envers le prochain. Mais, le motif ne peut pas qu’être égoïste ou rivé sur soi. Tout au contraire, lorsque le désir de faire du bien, de porter la lumière et plus d’amour à ceux qui vivent dans la précarité, est le motif de notre engagement, cette action désintéressée reçoit une surabondance de grâce. Et étant comblé de grâce pour avoir fait du bien aux autres, cette grâce ne reste pas sans effet positif sur nous et dans nos activités personnelles. Ainsi la grâce divine qui nous porte vers les autres, est déjà elle-même agissante en nous. Chercher le bien des autres sous la mouvance de l’Esprit de DIEU, c’est déjà avoir été nourri nous-mêmes par le même Esprit. Car, DIEU ne peut pas faire de nous des instruments de sa miséricorde, et ne pas au préalable veiller à ce que nous l’ayant déjà nous-mêmes au préalable. Bonne journée de méditation et bon début de semaine de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua