« J’ai besoin d’être étonné. J’ai faim de mots qu’il faut briser pour qu’ils produisent des étincelles. […] Plus je rends visite aux pages d’Écriture, plus je suis fascinée par le jeu des mots qui creuse l’abîme du sens au lieu de le combler. Et cela me met curieusement en joie ».*
« Heureux les pauvres qui mendient le souffle esprit ».
Sur la montagne des Béatitudes, Jésus dessine les contours d’une sainteté nouvelle, comme Moïse l’avait fait pour les dix paroles, les commandements. S’il faut lutter pour garder ceux-ci, vaille que vaille, les béatitudes sont plus exigeantes. Elles ne peuvent être l’objet d’une lutte pour les garder envers et contre tout. Elles sont des indices d’une vie nouvelle qui a commencé à éclore en nous, presque à notre insu.
Celui qui voudrait les observer comme on réalise un programme s’attellerait à une tâche impossible. Elles dépassent infiniment nos capacités. Mais, à l’heure de Dieu, elles se manifesteront sûrement dans notre vie, peu à peu. Elles seront don de la grâce. Et le plus souvent, elles demeureront cachées en celui ou celle en qui elles se réaliseront. « Les choses de Dieu viennent d’elles-mêmes ».**
Mais c’est par elles aussi que nous possédons dès à présent, un quelque chose du ciel, un « presque rien », un « si peu », un « je-ne sais-quoi », « un murmure, souvent menacé d’effacement par le vacarme de nos agitations ».***
Chacune des béatitudes comporte un présent et un avenir qui sont inséparables. Qui se dérobe au présent risque de manquer le futur.
Ce côté contraignant du présent fait partie de la bonne nouvelle de Jésus. C’est la porte étroite et le chemin resserré proposé par Jésus à ceux qui veulent le suivre.
Oui, « Heureux les pauvres qui mendient le Souffle esprit ».
[*] Francine CARRILLO, Filigrane, Genève, Labor et Fides, Petite Bibliothèque de Spiritualité, 2024, pp. 13-15
[**] Un Père du désert
[***] Ibidem
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