Entendre les voyelles de la Loi
« Pas un iota, pas un point sur l’i, pas un trait ne passera de la Loi, avant que tout ne soit accompli ».
Le texte de la Loi ne donne à voir que des consonnes. Pour parvenir à l’entendre, il me faut ajouter les voyelles – « points, traits, iota » – qui permettent de vocaliser le texte, c’est-à-dire d’écouter la Voix qui parle sous la lettre.
Et si Jésus faisait, ici, allusion non à la lettre de la Loi mais à l’Esprit, « car la lettre tue mais l’Esprit donne la vie » (2 Corinthiens 3,6) ! Alors, oui ! « Il n’est pas venu abolir mais accomplir ».
Et voici qu’il dénonce la pratique scrupuleuse, pointilleuse et légaliste des scribes qui « filtrent le moucheron et avalent le chameau ». Et il met en lumière l’autojustification arrogante des pharisiens qui étalent leurs œuvres « pour paraître aux yeux des humains »…
Car « si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, non, jamais nous n’entrerons dans le Royaume de Dieu » (Mt 5,20).
Comme Jésus, face à la femme adultère enfermée dans le cercle mortifère de l’extériorité de la Loi, nous baisserons le regard vers la terre et nous tracerons sur la chair de nos faiblesses humaines les traits de feu de l’Esprit. Nous inscrirons les voyelles sur les tables de pierre de la Loi pour qu’elle soit gravée dans nos cœurs de chair.
Et que la Loi, en nous, atteigne vraiment sa plénitude, nous donnant d’accomplir notre humanité selon la nouveauté de l’Evangile.
Un commentaire
JE NE SUIS PAS VENU ABOLIR, MAIS ACCOMPLIR … CELUI QUI LES OBSERVERA ET LES ENSEIGNERA,
CELUI-LA SERA DÉCLARÉ GRAND DANS LE ROYAUME DES CIEUX (Mt 5, 17-19). Pour nous sauver, DIEU ne supprime pas entièrement ce que nous sommes ; mais IL part toujours ce notre être, malgré ses défauts et ses limites, pour nous ouvrir une nouvelle porte d’espérance. Le mystère de la Parole de DIEU c’est qu’elle reste toujours actuelle, même quand nous pensons qu’elle est dépassée et qu’elle doit être abolie. Car, il ne s’agit pas simplement d’un ensemble de préceptes à respecter, sous peine de sanctions ou d’un ensemble de règles à suivre, pour faire plaisir à DIEU. L’autorité du CHRIST ne réside pas dans le fait de changer les préceptes ou de modifier la Loi divine selon son bon vouloir, comme font certains, à peine responsable d’une parcelle de pouvoir ou à la tête d’un projet, d’une institution ou d’une structure. Ce qui vient de DIEU et qui n’est pas corrompu par les hommes, est appelé à croître, à se transformer, pour servir le plus grand nombre possible. Et la loi divine épouse chaque temps et chaque époque, parce qu’elle guide le cœur de l’Homme, inspire nos actions, et parce qu’elle se fonde sur la Justice, la Charité et l’amour. DIEU ne peut donc pas abolir ce qu’IL a Lui-même fondé, au risque de se tromper ou de se contredire. Mais, IL amène toujours l’Homme à découvrir l’esprit et la richesse qui se cachent derrière chacun de ses préceptes. Car, il s’agit avant tout de mouvoir le cœur, l’esprit et l’âme de l’Homme, afin de le rendre acteur du projet du Salut de DIEU sur lui. La Loi reste abstraite et utopique, si elle ne s’incarne pas dans notre vie quotidienne. Elle reste quelque de lointain, si l’Homme ne l’assume pas dans le quotidien de ses actions. Dès lors, vivre de la Loi divine, c’est vivre de DIEU Lui-même. Si la loi ouvre la voie de la Justice, le CHRIST en personne vient accomplir toute Justice. Si la Loi prône la charité, le CHRIST est l’incarnation de la Charité. Si la Loi vise le Salut, le CHRIST porte ce Salut à son accomplissement. Et celui qui observe la Loi divine et l’enseigne aux autres, se fait disciple du CHRIST, lumière pour les autres. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua