« Je suis venu accomplir » (Mt 5, 17) : voilà ce que Jésus affirme dans ce chapitre de l’Evangile. Mais en lisant la péricope de ce jour, on peut s’interroger : ne vient-Il pas « bousculer » les préceptes donnés au Sinaï, sur la montagne du don de la Loi ?
A y regarder de plus près, on s’aperçoit que Jésus ne contredit pas ce qui a été énoncé comme ‘mode d’emploi de l’amour’, mais qu’Il le déploie à l’infini pour le porter à son accomplissement total. « On vous a dit… » de mettre une limite à la manière de répondre à la violence qui vous a été faite. Eh bien moi je vous dis qu’il est possible de briser et d’éradiquer la violence. L’amour seul sera vainqueur. Sans doute et même certainement pas sans douleurs et sans souffrances, car pour que cela s’accomplisse au temps de la plénitude, il faut choisir de cheminer dès aujourd’hui, sans armes, les mains ouvertes et vides. C’est ce que nous osons et choisissons de croire quand nous confessons que Jésus est ressuscité.Ses disciples l’ont affirmé et vécu. Et tant de croyants avant nous ont tenté de mettre leurs pas dans les leurs en offrant comme prix celui de leur propre vie : « Là où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous récolterez de l’amour » (Jean de la Croix).C’est aussi la prière de frère François : « Où est la haine, que j’apporte l’Amour.
Où est l’offense, que j’apporte le pardon.
Ainsi en est-il : à qui donne, il sera rendu ». Pari fou d’un amour fou. Alors, hésiterons-nous encore à laisser notre manteau, à faire deux mille pas avec celui qui nous réquisitionne pour en faire mille, à donner à qui demande ? C’est le chemin emprunté par le maître. Il nous y précède chaque jour. Mais avec lui, il nous faudra aussi passer par Jérusalem pour que s’accomplisse la plénitude de sa loi d’amour. Et nous n’y parviendrons pas sans la grâce et la force de l’Esprit.
Un commentaire