C’est un autre miroir – que celui de l’entre-soi – que nous tend le Seigneur. Car aimer ceux qui nous sont proches ou aimer ceux qui nous aiment et nous font du bien, c’est encore du « donnant donnant ». Cela est bon de rendre amour pour amour, mais ce miroir de l’entre-soi, du selfie qui nous prend en unique référence (nous et moi vus par moi), sans altérité, et du coup un brin incestueux, n’est pas à la mesure de Dieu qui aime sans mesure.
Jésus élargit notre champ de vision, en prenant la mesure de Dieu en référence de l’inconditionnel Amour : « comme votre Père céleste » (v.48). Il nous appelle à mettre sur terre cet infini céleste qui est de l’ordre de la prodigalité du semeur, du soleil et de la pluie… à savoir que la vie est pour tous et sans distinction ni mérite.
Jésus insiste ! « afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » (v.45).
C’est au nom de ce projet de la filiation divine que nous devons agir. L’extraordinaire mission de l’amour, de ce commandement de nous aimer est d’aimer et de prier pour ceux qui ne nous aiment pas et qui peuvent même nous faire du mal. Avec Jésus, nous quittons la joute, le conflit, les oppositions, les querelles, et la castagne pour la voie du dialogue, de l’apaisement dans un dépassement permanent vers l’altérité.
Nous quittons le selfie pour l’icône de son visage à contempler. À travers le don de la vie de Jésus et de son pardon à ses persécuteurs, nous appelons le Seigneur à aimer en nous : à aimer inconditionnellement avec ses yeux et avec son cœur transpercé.
Qui es-tu, Roi d’humilité ? Et toi la Reine couronnée par le Roi, qui es-tu ? Quel est le secret de votre Royauté ? Comment devenir des sujets du Royaume de l’amour sans mesure ?
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