« or, moi je vous dis : quiconque regarde… en désirant …»
» La lampe du corps, c’est l’œil. Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans la lumière… » (Matthieu (TOB) 6, 22-23)
L’œil, le cœur et la main ; le regard, l’intériorité et l’agir, ont partie liée dit Jésus. Il nous fait basculer du « dehors » au « dedans » : « vous avez entendu qu’il a été dit »… ; « or moi je vous dis ». Il nous invite à entrer en nous-mêmes, à « descendre » comme Zachée dans sa maison, car c’est là qu’Il demeure et que dans Son Regard se jaugent toutes nos alliances humaines appelées à la fidélité, pour refléter Son image. Un appel qui habitait déjà l’A-T : « Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur ». Appel qui s’accomplit dans la loi nouvelle des Béatitudes que Jésus, nouveau Moïse, vient de proclamer sur la montagne : « Allégresses des purs en leur cœurs , ils verront Dieu ». 5, 8 Chouraqui
Voir Dieu, oui, nous sommes appelés à voir Dieu ! Non, nous ne pouvons réaliser ! Comme le pressentait le Saint homme Job : « et de ma chair je verrai Dieu ». Job 19,22 Et Moïse demandait : « fais moi voir ta face (gloire) ». Ex.33, 18-23
« Qu’est-ce que l’homme que tu penses à lui, le fils de l’homme que tu en prennes souci, à peine le fis-tu moindre qu’un Dieu le couronnant de gloire et d’honneur » Ps 8
Quoi d’étonnant que le chemin de la « pureté du cœur » qui ouvre au Bonheur de « voir Dieu », doivent passer par des « arrachements » qui peuvent nous paraître dépasser les bornes ! Mais l’Amour de notre Dieu n’a-t-il pas largement dépassé les bornes en Jésus-Christ ? « Couper, jeter, perdre » dit l’Evangile , tout ce qui en nous est, d’une façon ou d’une autre, « idolâtre » et « adultère », comme Dieu le reprochait déjà à Israël.
« Crée en moi un cœur pur ô mon Dieu » Ps 50
« O Seigneur! Tout notre mal vient de ce que nous n’avons pas les yeux fixés sur vous, car si nous ne regardions que le chemin nous arriverions rapidement; mais nous faisons mille chutes, mille faux pas, et nous perdons le chemin parce que nous ne fixons pas notre regard sur le vrai chemin. (Thérèse d’Avila : Chemin de la perfection 26,4)
Ô admirable bénignité de Dieu qui permettez que vous regardent des yeux comme ceux de mon âme, qui ont fait si mauvais usage de la vue! Que cette contemplation, Seigneur, les accoutume à ne plus rien regarder de bas; qu’ils ne soient plus contents de quelque chose qu’ils voient, sauf Vous. (idem Vie 27,11)
« Père, donne-nous des yeux d’enfant »
Un commentaire
SI TON ŒIL DROIT ENTRAÎNE TA CHUTE, ARRACHE-LE ET JETTE-LE LOIN DE TOI, CAR MIEUX VAUT POUR TOI PERDRE UN DE TES MEMBRES QUE D’AVOIR TON CORPS TOUT ENTIER JETÉ DANS LA GEHENNE (Mt 5, 27-32). Tout est ordonné en vue d’une fin noble et bénéfique pour tous. Les gestes du corps, les motions de l’âme, ainsi que nos prières, sont ordonnés pour le Salut de l’Homme. Ainsi, tout ce qui est cause de notre chute, doit être discipliné, éduqué et façonné selon la volonté de DIEU. La vie nous impose toujours des sacrifices à faire, consentir à renoncer à certains désirs, malgré leur importance, accepter quitter, rompre, à cause de notre foi, de nos engagements et de la quête du sens de la vie. Or, renoncer à quelque chose, pour un plus grand bien, c’est échapper à la convoitise, dominer l’égoïsme, afin de nous ouvrir à un amour plus grand. Car, la convoitise commence quand l’Homme se replie sur soi, pour ne penser qu’à soi, chercher uniquement son propre intérêt. Elle commence donc quand l’Homme se coupe de l’amour des autres, quand il détourne son regard du bien de tous. La convoitise c’est aussi quand mon œil commence à désirer quelque chose uniquement pour la satisfaction de mes propres besoins, m’entraînant ainsi au péché, à la faute. Mais, la convoitise peut devenir le point de départ d’une véritable éducation à la foi, à la charité, à l’amour du prochain. Il s’agit d’éduquer son regard, ses désirs, ses actions, pour se conformer à la volonté de DIEU. Car, croire c’est aussi s’éduquer tous les jours, à travers la prière, la méditation et des lectures bien sélectionnées, à gérer ses pulsions, ses envies, mais aussi à donner un contenu et un fondement véritable à nos prières. Et il y a toujours une correspondance et un lien entre les yeux, les mains, les lèvres et le cœur, pour nourrir ou alors corrompre l’esprit. Mais, lorsque tout cela s’exerce dans la voie du bien, même l’âme humaine se réjouit et apaise l’esprit, en ouvrant à la vie et au Salut. Bonne journée de méditation et de travail
ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua