Visiter le désir
« Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi. »
Parole inaudible, incompréhensible. Que peut–elle nous dire à nous aujourd’hui ?
Dans ces versets du sermon sur la montagne, Matthieu utilise des images très fortes voire choquantes pour nous inviter à revisiter le désir. Dans ces quelques lignes, il est question de quelqu’un, de femme, d’œil, de main droite et aussi de loi, adultère, répudiation.
Après la question de la fraternité, abordée dans le passage précédent où il s’agissait de soigner la fraternité, nous sommes conviés aujourd’hui à visiter nos relations humaines sous le prisme de la sexualité. Avec un accent particulier sur le thème du désir. Nous découvrons alors une réalité qui peut être aveuglante (cette allusion à l’œil !) -au point de nous faire perdre pied. Le désir n’est pas la convoitise.
L’œil peut voir, admirer, contempler ou scruter, dévisager. Il est dit parfois que le regard est le miroir de l’âme.
De même la main peut s’ouvrir ou se refermer sur la possession : la main mise. Notre relation à Dieu Créateur et Sauveur traverse toutes nos relations humaines. Nous sommes alors confrontés à la différence, l’altérité irréductible de l’autre, quiconque, à qui je ne retire pas le visage en le dé-visageant mais en l’en-visageant autre, radicalement différent, proche et lointain. Le regard, dans l’agape, met l’autre à juste distance, dans une proximité de fraternité humaine et de mystère de la personne, qui se laisse non pas saisir mais tout juste approcher. Le désir est purifié de toute convoitise, de tout accaparement réducteur. Il laisse lors advenir l’être humain beau et fragile, dans son unicité. Créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
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