Le texte de ce jour s’inscrit, certes, dans l’ensemble du « discours évangélique » de saint Matthieu proposé à notre méditation en ces semaines. Néanmoins il nous surprend (et c’est tout l’art de la liturgie), alors que nous ne sommes pas en carême ! Nous en tenir à cet étonnement reviendrait à oublier combien l’aumône (les œuvres de miséricorde), la prière et diverses formes de jeûne sont au cœur de notre vie de foi.
Et nous sommes invités à vivre ces trois dimensions non au vu et su de notre entourage, mais « dans le secret » (Mt 6, 2.6.18). L’ostentation est effectivement un piège, mais c’est souvent plus subtilement que se glisse un manque de gratuité dans ce que nous faisons. Des intentions pures sont-elles de ce monde ? Jésus lui-même nous a avertis : « vous risqueriez,en ramassant l’ivraie, d’arracher en même temps le blé. Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13, 29-30).
Il n’en demeure pas moins qu’il nous faut tendre vers ce à quoi Jésus nous appelle. Mais s’il faut renoncer à une vaine gloire, à une récompense toute humaine, avons-nous pour autant fait l’expérience que nous soit rendu « ce que le Père voit dans le secret » ?
Il est toujours éclairant de regarder du côté de Jésus lui-même ! N’est-il pas Celui qui par excellence, nourrissait un lien tout intérieur, « secret », avec le Père ? « De la gloire, je n’en reçois pas qui vienne des hommes » (Jn 5, 41) ; « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien, c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : Il est notre Dieu » (Jn 8, 54).
Jésus a prié, jeûné et fait l’aumône tant de fois. Pas de doute que le Père était pour lui un « lieu » où « déposer » toute choses…. Mais de l’avoir vécu jusqu’aux frontières du doute (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? » Mt 27, 46) nous révèle que toute chose y reçoit son véritable accomplissement.
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