Où est ton cœur ? Ton trésor ? Il est, reconnaissons-le, trop souvent, la proie des mites et des vers. Richesses décevantes, encombrantes, voire indispensables qui réapparaissent plus ou moins récurrentes au fil des jours. Accaparant capacités et temps si précieux, occupant notre cœur ! « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent, « Mammon », une sorte de dieu installé dans notre demeure ! Biens divers et multiples : matériels ? Intellectuels ? Spirituels ? Peu importe, semble-t-il. « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît » Mt 6, 24, 33
« Est-ce donc la mort du méchant que je désire,…, n’est-ce pas plutôt qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive ? » Ez 18, 23, proclame le prophète. Dans cet écartèlement entre des attraits si opposés, Dieu ne nous abandonne pas. Au cœur de ce combat, « Le Très-Bas » dépouillé de tout et de lui-même, emporte pour nous, pas sans nous, la victoire. Il désire que nous vivions, que nous nous laissions illuminer par sa force intérieure distillée à chacun comme un rayon de lumière. « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » Jn 1, 5. Elle nous traverse de part en part et fait alors advenir à sa clarté nos zones d’ombre.
Oserons-nous, de jour en jour, nous laisser pénétrer par ce regard d’amour extrême, laisser notre être mis à nu, advenir à la splendeur de son rayonnement ?
« En cette nudité, l’âme spirituelle trouve sa quiétude et son repos… vu que quand elle désire quelque chose, en cela même elle se lasse. » (Jean de la Croix : Montée du Carmel 1, 13)
Un commentaire
FAITES-VOUS DES TRÉSORS DANS LE CIEL … CAR LÀ OÙ EST TON TRÉSOR, LÀ AUSSI SERA TON CŒUR (Mt 6, 19-23). Notre cœur est sans repos, tant qu’il n’a pas trouvé le vrai trésor, la véritable richesse, celle qui comble tous nos désirs. Pour cela, l’Homme serait prêt à tout donner, pour acquérir le précieux trésor, la perle rare, la vraie richesse, de même qu’il est disposé à tout sacrifier, pour maintenir en lui et à ses côtés l’être précieux. Une fois que nous avons trouvé un trésor, nous voulons le protéger, le tenir et le chérir. Cette préoccupation permanente permet aussi de travailler à un meilleur discernement, afin de savoir définir quelles sont nos priorités, de quoi notre cœur a véritablement besoin, qu’est-ce qui nous garantit un meilleur épanouissement ? La question est donc celle de savoir à quel trésor nous voulons consacrer notre temps et notre vie ? Or, un trésor, le meilleur qui soit, est d’abord celui qui a de la valeur, non pas uniquement pour nous, mais, une valeur en soi. C’est parce qu’il est en lui-même une valeur, qu’un trésor a de la valeur pour nous, auquel cas, loin de nous, hors de notre portée, il reste un simple objet. DIEU est celui qui est digne de TOUT notre cœur, notre esprit et notre âme. IL est la Valeur, une richesse en soi, le premier trésor, qui donne d’être à tous les autres trésors. IL est l’image de l’Homme parfait, celui qui contamine tous les éléments de la nature par sa présence. DIEU est donc notre premier trésor, par lequel nous découvrons la richesse des autres trésors. Notre cœur trouve toute sa sérénité et douceur, lorsqu’il repose en DIEU, lorsqu’il a fait de DIEU son refuge. Tout au contraire, il est dans la tourmente et l’instabilité, dans l’agitation, le doute et la peur, lorsqu’il est indécis, hésitant entre le bien et le mal, confus entre le matériel et le spirituel. Pourtant, il existe des richesses décevantes, encombrantes, qui ne nous apportent que peines et misères et qui sont en soi un superflu. Il existe des richesses qui ne sont pas indispensables à notre Salut. Et lorsque notre cœur est parvenu à identifier et à trouver la vraie richesse, qui est DIEU, il s’épanouit plus librement et sait où se trouve les priorités. Se faire ainsi des trésors au ciel, c’est apprendre à élever son cœur et ses pensées vers les choses plus grandes. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua