Traverser l’illusion
La parabole de l’arbre et de ses fruits nous introduit sur le chemin de la vigilance, du discernement pour opérer un véritable dévoilement, une mise en lumière de l’œuvre de Dieu à travers nos histoires humaines, pour lire l’histoire de notre humanité.
Nous gardons en mémoire la mise en garde du prophète Jérémie :
« Tes prophètes ont eu pour toi des visions d’illusion et de clinquant
Ils n’ont pas révélé ta faute pour changer ton sort
Ils t’ont servi des oracles d’illusion et de séduction » (Lm 2,14)
Entretenir l’illusion, faire jouer les cymbales du clinquant « tape-à-l’œil », user de la séduction affective et spirituelle : telles sont les armes des « faux prophètes »…
L’Evangile, lui, nous requiert pour entrer dans un véritable réalisme spirituel : que notre oui soit oui et que notre non soit non.
C’est demander la grâce de traverser l’illusion, le faux semblant, la force de laisser la Parole de la Croix conduire nos choix et nos actions.
Le prophète porteur de l’Esprit consent à la lumière : il laisse la parole de Dieu passer en lui comme un jugement qui sépare, en son propre cœur et dans l’histoire, l’œuvre des ténèbres et celle de la lumière. Le prophète révèle : dans le même mouvement, il dénonce et il annonce, il confronte et réconforte, il ouvre ainsi le chemin de la nouveauté de l’Evangile, chemin d’exigence et de consolation, chemin de conversion et de libération.
« Je te rappelle de raviver le don de Dieu qui est en toi depuis que tu as reçu l’Esprit … » (2 Tm 1,6)
Un commentaire
MÉFIEZ-VOUS DES FAUX PROPHÈTES QUI VIENNENT À VOUS DÉGUISÉS EN BREBIS, ALORS QU’AU-DEDANS CE SONT DES LOUPS VORACES. C’EST À LEURS FRUITS QUE VOUS LES RECONNAÎTREZ (Mt 7, 15-20). Le masque cache parfois notre identité, surtout quand l’extérieur et l’intérieur ne s’accordent pas et ne coïncide pas. Le prophète est celui qui annonce une parole qui n’est pas de lui. Il se fait le messager de DIEU, c’est-à-dire qu’il sait se retirer, s’effacer, pour laisser la Parole de DIEU agir dans les cœurs de ceux vers qui il est envoyé. Mais, dès l’instant où il cherche son propre intérêt, voulant se faire le patron et le centre de tout, il dévie de sa mission et devient un danger pour les autres. L’Homme est choisi et appelé ; il reçoit sa mission d’un autre. C’est pourquoi nul ne peut s’arroger un titre qui ne lui est pas dû, auquel cas, il s’érige en faux prophète. Or, le faux prophète est celui qui veut prendre la place de DIEU, se faire l’égale de DIEU, attirer les brebis à sa cause, les guider selon ses voies personnelles, en les détournant pour cela de la voie et des exigences du SEIGNEUR. C’est une fausse identité qu’il porte déjà en lui, mais qui se cache dans des attitudes de gentillesse, d’une foi pieuse mais vide, d’une fausse compassion, qui vise simplement à gagner la confiance de l’autre. L’Homme est faux quand il veut tout ramener à soi, se faisant soi-même le centre du monde, se passant pour celui qui sait tout. Or, le véritable prophète révèle, en s’impliquant lui-même dans le processus de conversion ; il dénonce en orientant vers DIEU. Instrument de DIEU parmi les hommes, il est aussi membre d’un peuple qui prie, qui attend, qui espère et qui croit en des lendemains meilleurs. Sa parole est d’abord celle de la conversion du cœur et l’orientation qu’il apporte est celle de l’amour et de la charité. Et le prophète ne parvient à sa mission que si tous, sans exception, se meuvent dans la dynamique de la conversion et se rendent plus flexibles à accueillir le message divin. Homme d’humilité et de fragilité, il est cependant choisi parmi les hommes, parce que DIEU aime partager son intimité avec l’humanité entière. C’est pourquoi il ne cesse de susciter d’autres prophètes, mais donc le dynamisme et le spirituel sont toujours à examiner avec soi et discernement. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua