« Gardez-vous des faux prophètes…
C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez »
Nous sentons combien cette « parabole », illustrant l’injonction du Seigneur, « gardez-vous des faux prophètes », nous rejoint au plus profond de nos questionnements, nos blessures, nos soucis, voir nos troubles … pour le monde et l’Eglise d’aujourd’hui. Mais n’est-ce pas de toujours à toujours lié au cœur double de l’humain ?
« Ils viennent à vous déguisés en brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces ». Ils viennent du dehors, mais nous habitent aussi au dedans. Nous avons tous besoin de conversion et de salut jusqu’à la restauration universelle où
« le loup habitera avec l’agneau » (Is. 11,6), lorsque « Dieu sera tout en tous ». (I Cor 15,28)
Jésus nous a « envoyés comme des brebis au milieu des loups », il a prié pour ses disciples, « laissés dans le monde sans être du monde ». Paul s’inquiétait des loups qui troubleraient la communauté après son départ. (Ac 20,29)
D’Elie à Jean- Baptiste, tous les prophètes et amis de Dieu ont été affrontés à la question du discernement.
Jésus a payé de sa vie la Vérité, lui qui n’a été que « oui ».
Une constante de l’engagement de tout disciple, raison pour laquelle Mt donne ici la parole à Jésus de manière non détournée.
« Se garder des faux prophètes », c’est se méfier des apparences, de la duplicité, du langage d’un cœur double, pour scruter le « dedans » (7,15) ; aller à la racine des choses, des événements, des personnes, de nos propres cœurs ; examiner le rapport entre l’arbre et les fruits.
Saint Paul aux Galates nous en fait une liste, non exhaustive, mais intrinsèquement liée au commandement nouveau de l’Amour. « Voici le fruit de l’Esprit: amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi ; contre de telles choses, il n’y a pas de loi ». (Gal.5,22 – 23)
« Se garder », c’est se mettre « sous bonne garde », « sous la garde » de l’autre, le frère, la sœur, la communauté, et du Tout Autre. Ce n’est sans doute pas pour rien que Jésus nomme ici explicitement les fruits de la Vigne et du Figuier dont la symbolique court tout au long de l’Ecriture.
« Se garder », n’est-ce pas « demeurer », tel Nathanaël méditant la loi du Seigneur sous le figuier, pour le laisser percer de son regard d’amour la vérité de notre être profond, et reconnaître ce qui peut sortir de bon de Nazareth (Jn 1,46)
« Se garder », n’est-ce pas laisser Jésus garantir la qualité des fruits que nous porterons, pourvu que nous demeurions attachés à la Vigne dont son Père est le Vigneron »? (Jn. 15)
« Se garder », c’est peut-être se tenir sous le seul arbre dont le fruit ait le goût de l’Amour Véritable. De « l’Arbre de la croix », Jésus nous a donné Son Esprit, nous libérant de toute peur et faisant de nous les fils de son Père et des enfants de Lumière (Rom. 8,15 -16 ; Eph.5, 8 – 14) capables de « discerner quelle est la volonté de Dieu: ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. (Rom.12)
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