Matthieu 8, 1-4

« Voici qu’un lépreux… », un homme avec lequel un Israélite ne devait avoir aucun contact. (Voir Lévitique 13-14). C’était d’abord une simple règle de prudence et d’hygiène face aux maladies de peau, afin d’éviter leur propagation parmi le peuple. Le lépreux devait vivre « confiné », parce qu’il était un danger pour chaque personne rencontrée. Il portait sur sa peau, de manière indélébile, la marque de l’exclusion. Le toucher, c’était être contaminé et devenir à son tour un exclu.
Jésus pouvait guérir simplement par sa parole. Mais il choisit de « toucher » cet homme qui avait sans doute oublié combien il est bon de sentir physiquement la présence de l’autre, combien il est doux de recevoir une caresse.

Jésus touche aussi, avec le même engagement et la même douceur, la lèpre intérieure, celle qui ravage le cœur et l’âme, celle qui nous ronge de l’intérieur, qu’elle s’appelle péché, angoisse, culpabilité pathologique, ressentiment, colère, dépression, tristesse, jalousie …. Tous ces sentiments que nous n’avons pas appris à exprimer parce qu’ils génèrent la honte ! Mais ils nous anéantissent d’autant plus sûrement que nous les nions.
« Si tu le veux, tu peux me purifier. » Prière toute simple, humble et empreinte de respect pour la liberté de celui auquel elle s’adresse ; elle consiste, non à dire à Dieu ce qu’il doit faire, mais à mettre notre confiance en Lui. Me ‘purifier’ et non me ‘guérir’. Le face à face avec Jésus ne suffit pas. L’homme doit encore être remis au cœur de l’espace communautaire. “Va te montrer au prêtre”. La législation ancienne avait été formulée à une époque où le prêtre était le principal personnage de la vie sociale et religieuse. C’était à lui, par conséquent, qu’il revenait de reconnaître qu’un malade exclu de la communauté était guéri et pouvait donc y rentrer.

Risquer sa peau
quand le monde gronde et nous effraie
Quand on voudrait pouvoir
se barricader derrière un cuir solide qui protège des coups
Risquer sa peau en mémoire de toi (…)

Être poreux
et regarder droit dans les yeux. Risquer l’interpénétration
la frontière floue entre soi et le monde.
Prendre au sérieux ton injonction
Marcher sur les chemins de terre
avec sa peau pour seul bagage

Sur le bout des doigts
Sur le parchemin de nos corps, prendre le pouls de ta Parole
comme une empreinte. Parfois se taire et donner à sentir
ton amour dans un peau à peau fraternel (M. M. C)

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