Jésus voit une foule autour de lui, celle qui a reçu son long enseignement sur la montagne, et il est temps pour elle de passer en quelque sorte aux travaux pratiques. Il n’y a pas d’échappatoire ni de négociation possible : « il donne l’ordre » de partir vers l’autre rive.
L’autre rive c’est l’inconnu, c’est tout ce qui nous arrache au confort, aux sécurités matérielles ou spirituelles, aux habitudes et habitus, et sans doute à nous-même. L’autre rive est celle qui nous ouvre à l’aventure, aux autres, à la confiance en Dieu, à l’inconnu et à l’invisible.
Quitter, abandonner, s’alléger, se dépouiller, marcher, faire chemin, traverser… la liste longue qui dit les exigences, arrachements, renoncements, deuils, sacrifices, fatigues et purifications à vivre. L’appel au large attire les aventuriers et les solitaires, tel le scribe qui s’enhardit au message du Maître, mais Jésus de préciser à qui veut l’entendre que son chemin est sans repos ni consolation et appelle à un dépassement de soi et à un véritable don de soi au-delà même des besoins fondamentaux de l’homme. Dietrich Bonhoeffer parlait de la « grâce qui coûte ». La vie du disciple est plus qu’une simple aventure exotique, la mission est beaucoup plus qu’un simple dépaysement ! Elle porte le prix du sang, d’une vie livrée sur la Croix.
Au disciple qui parle de mort, d’enterrement, et de paternité… l’invitation tranche net et sans partage. La réponse de Jésus est cinglante et radicale, car lui, appelle à aller vers le Père de tous, le Père de la Vie, et sans retour en arrière.
Il faut larguer tous les amarres (familiaux, vitaux, …) même si nous ne savons pas où la vie de disciple nous mènera. C’est le chemin lui-même qui est suite du Christ.
personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6).
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